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Dossiers et reportages || Champ culturel

Théâtre-Action

 

Introduction

 

theatre_action_03Une compagnie de théâtre-action, une pièce de théâtre-action, ce sont des expressions que l'on entend souvent. Mais qu'est-ce que le théâtre-action?  Quelle est la forme de théâtre qui se cache derrière cela?  Présent bien sûr sur la scène culturelle, avec notamment un festival international de grande ampleur, le théâtre-action est aussi présent et pratiqué, par exemple, dans le secteur social. Des écoles intègrent des cours pour apprendre cette pratique à des assistants sociaux, des éducateurs, des AMO font appel à des compagnies de théâtre-action pour des activités avec des jeunes, mais il est aussi actif en prison ou bien sûr au sein de certains groupements de personnes en milieu rural ou non. Malgré l'étendue de cette pratique, elle est parfois méconnue, mal connue ou tout simplement mal vue... Ce dossier va tenter de mieux faire connaître le théâtre-action en revenant sur les origines de ce dernier, en expliquant les enjeux actuels de cette pratique et en illustrant, par un reportage vidéo, la pratique d'une compagnie de théâtre-action, la compagnie Buissonnière.

 

 

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Le théâtre-action est une pratique théâtrale répandue en Belgique. Il s'agit de théâtre bien sûr, il est d'ailleurs reconnu comme art de la scène depuis 2003 par la Communauté française de Belgique. Des différences avec le théâtre « classique » il y en a, que ce soit dans le processus de création des pièces, dans le public plus particulièrement visé ou encore dans les lieux dans lesquels la plupart des représentations sont données.

Ces quelques spécificités ne sont pas anodines et sont un peu l'essence du théâtre action depuis ses prémices.

Un peu d'histoire...

C'est à la fin des années 60 et au début des années 70 que le terme « théâtre-action » est né. Mais c'est bien avant que les prémices se sont fait sentir, comme l'explique Paul Biot*, un des pionniers en Communauté française du théâtre-action. « Dans les années 50, à côté du théâtre traditionnel, se trouvait le théâtre universitaire. Ce dernier était un théâtre politique extrêmement actif. Le contexte international avec le franquisme ou encore les dictatures en Grèce et au Portugal incitait ce théâtre fort, significatif, provocateur. » Autre différence aussi avec le théâtre plus classique, c'était le principe de création collective, qui aujourd'hui encore est à la base du théâtre-action. Ce principe de création a vu le jour afin de répondre à des objectifs militants de lutte.

Fin des années 60, une partie du théâtre universitaire a commencé à s'éloigner de l'aspect politique des créations, tandis que l'autre partie décidait de maintenir cela. Cette branche là, cette dissidence du théâtre universitaire va, en outre, investir de plus en plus des lieux de diffusion inhabituels, principe toujours d'actualité pour le théâtre-action. Pour Paul Biot, « On allait dans une maison de jeunes, on allait dans un syndicat, c'était un public qui n'était pas un public de théâtre, c'était un public qui existait par lui-même autour d'autres approches ». Avec cela, est venue l'envie du public de faire du théâtre lui-même, le désir des gens de parler eux-mêmes d'un certain nombre de choses. Cette envie d'exprimer toute une série de choses occultées est ce qui sera appelé plus tard dans le milieu du théâtre-action « l'autre versant du monde, l'autre vision du monde ».

Les premières compagnies qui pratiquaient ce type de théâtre étaient au nombre de quatre: le théâtre de la Communauté, la Compagnie du Campus, et deux autres qui ont depuis lors disparu: le théâtre du pays noir et la Compagnie du sang neuf.

Dans les années 70, ces compagnies ont décidé de se regrouper sous un titre représentatif de leur action. Le nom « théâtre-action » fut adopté. A travers cette appellation, c'était l'idée, toujours d'actualité, d'agir au travers du théâtre, de tenter de faire bouger les choses. Le principe de la création collective ou participative en atelier, et le travail avec les gens, partir de ce qu'ils vivent pour créer et déjà pratiqués furent clairement exposés comme étant les principes fondamentaux du théâtre-action, principes que l'on retrouvera dans l'arrêté du décret de la Communauté française bien plus tard et toujours donc en vigueur aujourd'hui.

Un travail de plus en plus difficile

theatre_action_05Le théâtre-action se pratiquait souvent avec des groupes préexistants comme les organisations syndicales, des mouvements ouvriers, des mouvements féministes, des associations etc. Le théâtre était un moyen pour ces groupes de dénoncer, de montrer des injustices, de prendre la parole. « Avec l'arrivée du néolibéralisme dans les années 80 et de ses logiques de destruction de la solidarité, on observe une diminution des mouvements alternatifs, des mouvements populaires, des mouvements associatifs en général, mais aussi une augmentation du nombre de gens en désespérance. On ne se trouve plus avec des mouvements de chômeurs mais avec des gens sans emploi. La violence devient extrêmement individuelle», explique Paul Biot. Le théâtre-action se retrouve donc face à une difficulté non négligeable, les associations disparaissant, comment dès lors accéder, repérer les populations en difficultés, comment les faire émerger. Travail peu évident... et découragement de quelques compagnies, qui se sont alors tournées à nouveau vers des lieux où le public est déjà acquis, les grands théâtres, mais en n'oubliant pas l'aspect politique dans leurs pièces.

D'autres compagnies, elles, continuent le travail avec le public en marge de la société malgré les difficultés. Pour tenter d'aider ces compagnies, le Centre de Théâtre Action va voir le jour en 1985 et va s'atteler à la promotion du Théâtre-Action, à une meilleure visibilité, à mettre en évidence le travail des ateliers, des tâches que le centre accomplit toujours actuellement.

Militantisme...

Aujourd'hui ce sont 17 compagnies qui sont reconnues en tant que compagnies professionnelles de théâtre-action. Ont-elles gardé le côté très militant, très politique de l'époque?

Pour Katty Masciarelli, directrice du centre de théâtre action, « le théâtre-action est politique car aujourd'hui tout ce qui est collectif est un petit peu banni. On sent une volonté, des jeunes en particulier de se réapproprier peu à peu la parole dans l'espace public. » Pour Paul Biot, « le théâtre-action est et reste politique, pas seulement parce qu'il parle de la cité (Polis) et donc des choses qui sont contestables dans cette cité, pas seulement parce que ses spectacles ont un aspect souvent revendicatif ou en tout cas présentent une analyse critique des choses. Il est avant tout politique parce qu'il donne la place à une frange de la population qui n'est pas celle qui a le droit à l'invention du monde ».


* Paul Biot fut Directeur du Centre de Théâtre Action de 1992 à 2005, co-fondateur et comédien-animateur à la Compagnie du Campus. Il est Délégué de l'Assemblée générale du Mouvement de Théâtre-Action depuis 2003.

Pour en savoir plus

  • Théâtre-Action 1985-1995, ouvrage collectif, éditions du Cerisier, Collection Place Publique.
  • Théâtre-Action de 1996 à 2006, Théâtre(s) en résistance(s), ouvrage collectif coordonné par Paul Biot, éditions du Cerisier - 2006.

 

 

Des créations autonomes et des créations collectives, voilà ce que produisent les compagnies de théâtre-action. Dans les deux cas le but est le même: faire exister la parole de la population dans toute sa diversité, créer de l'expression artistique au départ de réalités souvent méconnues ou absentes. Les créations visent également un « non public », ce public qui ne se rend pas habituellement dans les théâtres.

Des novices des planches et des professionnels

theatre_action_07Les créations collectives sont des créations qui émanent d'un travail en atelier avec une population peu habituée à faire du théâtre et à fréquenter les « temples de la culture ». L'écriture collective du spectacle s'inspire des improvisations faites par les personnes autour du thème choisi pour créer la pièce. Ces improvisations permettent la prise en compte de la parole de chacun, le fait de devoir collecter toutes ces informations données au travers de ces exercices théâtraux pour monter un spectacle permet aux participants d'aiguiser leur capacité d'analyse des réalités et des mécanismes de la société.

Tout ce travail est encadré par ce qui est appelé des « comédiens-animateurs ». En plus de leur formation théâtrale, ces comédiens doivent être dotés d'aptitudes d'animation, d'écoute afin de donner la parole à des gens qui n'ont pas l'habitude de l'avoir et de les faire monter sur les planches.

Mais ces comédiens réalisent aussi des créations autonomes. Il s'agit alors de spectacles créés par les professionnels et joués par eux-mêmes. Les spectacles sont nourris entre autres par le contact qu'ils ont avec le terrain lors des créations collectives. Ces créations autonomes sont aussi toujours bien sûr destinées prioritairement à ce « non-public », de par les lieux dans lesquels les représentations se donnent.

Si différent du théâtre?

theatre_action_08Les compagnies de théâtre-action ont dû se battre pour être reconnues comme professionnels des arts de la scène. Cela montre donc qu'ils n'ont pas toujours été reconnus comme faisant de « l'Art ». En effet, pour certains le fait de travailler avec des gens dont la profession n'est pas d'être  comédiens pose des soucis de qualité.  L'esthétique des pièces est aussi mis parfois en cause puisque la priorité est donnée au contenu, la forme vient généralement ensuite.

Les créations autonomes posent un peu moins de problèmes, mais par le fait de s'appeler « théâtre-action » et donc par cette volonté de se démarquer de la pratique « classique » du théâtre, les compagnies soulèveront sans doute toujours des réflexions, des critiques, des questions.

 

 

Le Centre de Théâtre Action(CTA), fondé en 1985, est l'interface des compagnies de théâtre-action. Le centre leur assure une certaine visibilité et fait le lien avec des pratiques similaires dans le monde entier. Il met également l'accent sur la formation des « comédiens animateurs ».

Pourquoi un Centre de Théâtre Action a-t-il été créé en 1985?

Je pense que ceux qui, à l'époque, ont décidé de créer le Centre de Théâtre Action avaient une vision de la politique culturelle assez intéressante. Le fait de créer le centre permettait de créer une structure professionnelle qui travaillait à la promotion de la démarche du théâtre-action, qui s'attelait à faire des liens entre le théâtre-action et le milieu de l'éducation permanente, de l'enseignement, du social et de faire aussi des liens avec des pratiques similaires en Belgique et dans le monde.

Les liens avec les pratiques provenant des autres pays, comment les faites vous?

Une manière de faire les liens, c'est le Festival International du Théâtre Action que nous organisons. Il regroupe des compagnies qui ailleurs dans le monde exercent le même type de travail avec les populations et qui c'est vrai, là comme ailleurs, n'ont peut-être pas un écho médiatique très important. Quand je dis médiatique, c'est parce que le travail des compagnies est parfois assez confiné et peu visible puisque c'est vraiment un travail qui est fait sur le terrain. Le festival international, c'est l'occasion de mettre un coup de projecteur sur des compagnies qui ailleurs dans le monde pratiquent ce théâtre.

Si leur travail est peu visible, comment trouvez-vous les compagnies?

Le plus souvent ce sont les compagnies de théâtre-action qui découvrent elles-mêmes des compagnies ailleurs dans le monde.  Quand elles voyagent, elles en profitent pour voir si il n'y a pas des compagnies qui font le même travail qu'elles. Les compagnies se rencontrent, et la compagnie belge nous propose à notre tour de la découvrir. Alors même si ces compagnies étrangères ne sont pas présentes à chaque édition du festival international, on reste en lien. Et eux rencontrent parfois aussi d'autres compagnies et ils nous en parlent. C'est comme ça qu'on a tout un réseau international.

Outre la visibilité et l'organisation du festival international, le centre de théâtre action a aussi une mission de formation...

Le Centre de Théâtre Action avec d'autres compagnies de théâtre-action ont décidé d'investir dans la formation de « nouveaux professionnels » du théâtre-action. Jusque maintenant, les compagnies formaient elles-mêmes par un système de compagnonnage. Comédien animateur, c'est un métier assez spécifique qui ne s'improvise pas seulement avec les outils de l'art dramatique ou de l'animation. Et donc nous avons développé deux types de formation. Une première formation est une formation de comédien animateur spécialisée en théâtre-action. Elle est organisée dans le cadre d'une école de promotion sociale à Jupille, dans la région de Liège. Elle dure deux ans et devrait à terme donner lieu à une certification. La deuxième formation est une formation à la création collective. Elle permet à des gens qui ont envie de s'approprier la démarche du théâtre-action dans le cadre de leur travail, de pouvoir avoir quelques outils pour le faire le mieux possible.  Parallèlement à ces formations on essaie de sensibiliser des écoles qui forment à des métiers sociaux ou culturels à la pratique du théâtre-action. C'est ainsi que nous intervenons dans la formation d'assistants sociaux d'une école de Liège. On donne là-bas un module sur le théâtre-action. Ce module a pour objectif de sensibiliser les futurs assistants sociaux à la démarche participative du théâtre-action. Les gens se rendent de plus en plus compte que pour les publics très très précaires qui sont en demande d'aide au CPAS, il ne suffit pas de leur donner juste ce qu'il faut pour survivre, ce qui est déjà très important et essentiel, mais qu'il est important aussi de pouvoir leur redonner confiance, pouvoir travailler dans le cadre d'ateliers participatifs et ne pas faire seulement de la consommation culturelle. L'axe de la formation prend de plus en plus de place au sein du CTA. Il y a même maintenant une dimension internationale puisqu'on essaie de réfléchir avec les compagnies belges et internationales à la mise en place de tout un parcours de formation au niveau international.

Une dernière question, vous rencontrez et travaillez avec des compagnies étrangères, vous pouvez donc, j'imagine, comparer la situation du théâtre-action en Belgique et ailleurs. Alors le théâtre-action dans ce pays: bien loti ou mal loti?

Je pense qu'on est plutôt bien loti, même si au sein des arts de la scène, en ce qui concerne les enveloppes budgétaires, c'est assez infime par rapport aux autres compagnies. Mais il reste qu'en Belgique, le théâtre-action est reconnu par les arts de la scène comme une part de ce secteur là, ce qui n'est pas nécessairement le cas dans les autres pays où les Compagnies doivent chercher des subventions où elles peuvent. Les compagnies belges aussi doivent chercher des subventions ailleurs pour pouvoir quand même réaliser les projets mais elles ont un financement de la Communauté française. A l'étranger, je dirais que ce type de théâtre est très peu reconnu et très peu subventionné. Ils doivent parfois se cacher, ne pas dire ce qu'ils font pour avoir un peu d'argent à droite à gauche.

 


 

 

 

Pour illustrer la pratique du théâtre-action, nous avons suivi la compagnie Buissonnière située à Houyet. Différents projets voient le jour tout au long de l'année. Elle a récemment travaillé avec un groupe de détenus à la prison d'Andenne. A Mariembourg, c'est avec un groupe de dames qu'elle travaille, et après deux ans, elles présente leur pièce « Taille 32 ».

 

 

La compagnie Buissonnière est allée derrière les barreaux: un travail qui devrait être plus courant selon certains.

« On m'a proposé un atelier théâtre, je n'ai pas été au premier cours », je me disais « qu'est-ce que je vais aller faire là? Je n'ai pas besoin de me ridiculiser ». « Mais ensuite, j'ai été. Je trouvais ça bien, j'ai continué ». Amir est un ancien détenu. Il a fait partie de ceux qui ont eu l'occasion de participer à un atelier de théâtre-action lors de son séjour derrière les barreaux. Pendant quelques mois, une fois par semaine, à la prison d'Andenne, un groupe de détenus se réunissaient autour des comédiens animateurs de la Compagnie Buissonnière.
« Une compagnie de théâtre-action doit être attentive à travailler avec tous les gens qui sont à l'écart » explique Bruno Hesbois, membre de la Compagnie Buissonnière. « Je ne me suis pas préoccupé de savoir qui j'avais en face de moi, j'avais des êtres humains en face de moi et ensemble, dans une relation de confiance qu'il a fallu installer petit à petit, on s'est embarqué dans cette aventure ».

Au départ la direction de la prison avait émis le souhait que le travail de la compagnie de théâtre-action tourne autour des addictions, afin de sensibiliser les détenus. Ce thème là a très peu accroché les prisonniers « Nous on voulait faire une pièce sur les conditions de détention. » explique Amir. C'est donc à partir de ce thème que les comédiens animateurs ont fait travailler les détenus. C'est alors le processus classique de la pratique du théâtre-action qui se met en marche. Lors des ateliers les détenus sont amenés à faire des improvisations autour du thème choisi, cela permet aux participants de faire sortir des choses. A partir de cette matière, les comédiens animateurs écrivent le texte, gardent des scènes, en enlèvent.  Et puis c'est la répétition de la pièce et enfin la présentation de cette dernière à un public. Dans ce cas-ci, il s'agissait des autres prisonniers.  « Les premières minutes, les détenus nous ont hués, mais les 50 autres minutes, ils ont été captivés, ils ont applaudi, ils ont rigolé » dit Amir . Alors est-ce que cette pièce a réellement fait bouger les choses sur les conditions de détention? C'est difficile à dire mais en tout cas, les prisonniers ont pu s'exprimer. « Moi le message que je voulais apporter c'est que je sentais trop de haine dans le milieu dans lequel j'étais. Je me disais que ce n'était pas possible de sortir avec cette haine. Ce que j'ai voulu faire c'est laisser la haine là et faire comprendre aux autres d'en faire autant. Et puis si j'ai réussi à faire rigoler le chef qui me regarde tous les jours de travers, moi le résultat il y est, c'est ce que je voulais! ».

Au delà du fait de pouvoir s'exprimer, c'est aussi pour la directrice de la prison de Namur, Valérie Lebrun, qui fait également venir une compagnie de théâtre-action dans sa prison, une façon de leur apprendre à mettre des mots sur ce qu'ils ressentent. « Cela leur permet d'apprendre qu'ils peuvent réagir autrement que simplement par un passage à l'acte, rapide, impulsif. Quand on met des mots sur ce que l'on ressent, c'est déjà une autre façon de gérer la violence ». Et puis si la prison organise ce genre d'activités c'est aussi, il faut être clair comme le souligne Valérie Lebrun, une façon de mettre en place une soupape de sécurité. Cela permet de diminuer la tension que peut provoquer l'enfermement, tout comme toute autre activité organisée au sein du milieu carcéral.  « Je partais à l'atelier théâtre dans l'état d'esprit de sortir, de m'évader, d'oublier un peu mes tracas, mes soucis, tout ce qu'une cellule, quatre murs peuvent vous apporter » dit Amir.

Quelques compagnies de théâtre-action sont présentes dans les prisons, mais le souhait serait de voir ce type de travail se pérenniser. C'était un peu le message du colloque intitulé « Théâtre-action et prison » qui fut organisé à Namur par le Centre du Théâtre Action, dans le cadre du festival international de théâtre action (FITA). Pour Bruno Hesbois, « C'est un choix de société aujourd'hui est-ce que le gouvernement débloque des budgets pour construire de nouvelles prisons, comme c'est un peu l'option suivie aujourd'hui ou on contraire est-ce qu'on débloque des budgets pour rendre les prisons plus vivables, ou en tout cas pour préparer ces détenus à retourner vivre dans notre société ». Le théâtre-action a la chance d'être subsidié par la Communauté française, comme le souligne Yvan Inparraguires du Teatro Pasmi. Au Chili, où il travaille, il se bat pour avoir quelques moyens pour faire du théâtre-action dans les prisons.

 


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« Taille 32 »
une création d'un atelier
de la compagnie Buissonnière


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Pendant deux ans, les crêpeuses, un groupe de dames de Couvin, ont participé à l'atelier de théâtre-action organisé par la Compagnie Buissonnière. Le spectacle Taille 32 a été présenté lors du Festival International de Théâtre Action.


Voir la vidéo

 

 

Ce dossier qu'Amélie Jamar consacre au théâtre-action s'inscrit dans une série de travaux que nous menons depuis plusieurs années et qui se situent à l'intersection de deux préoccupations:les transformations des conflits sociaux, les évolutions du champ culturel.

Pour la première problématique, nous nous sommes essentiellement préoccupés de prendre la mesure de l'apparition de nouvelles questions sociétales et de leur articulation avec celles qui avaient porté l'action des mouvements ouvriers depuis plusieurs décennies ; il s'agit essentiellement en la matière, selon  nous, de penser les nouvelles formes de domination et les résistances et conflits qu'elle suscite.
Pour la seconde problématique, la question centrale nous a paru être la forme que peut prendre aujourd'hui l'autonomie des champs, si chèrement acquise : si le champ culturel s'est peu à peu affranchi du pouvoir religieux et politique, il est aujourd'hui confronté à deux nouveaux risques  : son asservissement nouveau aux champs économique et médiatique, sa tendance au confinement (qui conduit notamment à découpler l'action culturelle de l'action sociale).

Ce dossier, qui fait le point sur l'évolution d'une pratique culturelle dans notre communauté, non seulement  nous paraît au coeur de ces deux questions, mais aussi illustre la nécessité de leur  croisement.

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