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LE CADRE

 

Dans le cadre d'une réflexion entamée avec le Service de Protection Judiciaire (SPJ) de Liège sur la délicate prise en charge des dossiers de mineurs délinquants, nous avons choisi d'aborder la question de la violence à travers l'œuvre si riche de Michel Wieviorka, sociologue français qui y consacre un ouvrage entier intitulé « La violence ».

Soucieuse de remplir la mission sociale qui lui est confiée, l'équipe du SPJ de Liège s'interroge sur la teneur de la réponse apportée aux jeunes qui passent à l'acte violent et se trouvent ainsi confrontés à la justice. Le travail construit comporte plusieurs volets, dont un qui porte plus particulièrement sur une approche théorique de la violence de ces jeunes.

Traiter du sujet de la violence n'est certes pas simple dans la mesure où il mène à toutes les interprétations et à toutes les positions, par un amalgame immense de notions. Comme le dit Michel Wieviorka dans l'introduction de son livre : « Avant même de commencer à explorer les immenses territoires de la violence, nous devons en connaître la diversité ». C'est ce qu'il s'applique à faire depuis de longues années, à travers l'étude de différentes formes de ce phénomène sur le terrain (violences urbaines, racisme, terrorisme). Ses travaux d'observation et d'analyse rassemblés sous le titre « Violence en France » en sont un brillant exemple.

La théorie de la violence développée par Michel Wieviorka repose sur la notion de sujet. Conçue avant tout comme un processus, la violence serait liée aux concepts de subjectivation et de désubjectivation ; elle est ainsi brièvement définie comme « la marque d'un sujet contrarié, interdit, impossible ou malheureux ».

Liée à la façon dont le sujet se construit ou non, elle se décline selon divers degrés, elle peut changer de registre et de forme chez un même individu au cours de son existence et ne peut se trouver réduite, selon l'auteur, à un simple attribut psychologique ou au pur reflet d'une situation.

Sont parfaitement perceptibles, à partir de cette définition, les pistes nouvelles pour sortir de ce processus de violence, des pistes qui tiendraient compte de la subjectivité malheureuse ou déniée de ceux qui deviennent, entre autres parcours, des délinquants.

Pour élargir notre compréhension de son approche, nous avons demandé à Michel Wieviorka de pouvoir réaliser une interview vidéo, ce qu’il a aimablement accepté. Il nous a reçu à Paris, dans son bureau de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH), dont il est l'administrateur. Il est aussi directeur d'études à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EDHESS). Auparavant, il était président de l'International Sociological Association et directeur du Centre d'Analyse et d'Intervention Sociologiques (CADIS) fondé par Alain Touraine, dont il était un proche collaborateur.

Citons certaines publications de Michel Wieviorka, issues d'une large bibliographie :

  • Penser le sujet. Autour d'Alain Touraine.(avec François Dubet dir.), Paris, éd. Fayard, 1995.
  • Face au terrorisme, Paris, éd. Liana Levi, 1995.
  • Le racisme, une introduction, Paris, éd. La Découverte, 1998.
  • Violence en France (dir.), Paris, éd. Seuil, 1999.
  • La violence, Paris, éd. Balland, 2004.
  • Neuf leçons de sociologie, Paris, éd. Robert Laffont, 2008.
  • La prochaine gauche, Paris, éd. Robert Laffont, 2011.
  • Le Front national, entre extrémisme, populisme et démocratie, Paris, éds. de la Maison des sciences de l’homme, coll. Interventions, 2013.

Le carnet est construit autour de trois chapitres : 1- La notion de sujet ;  2- Subjectivation, désubjectivation et violence ;  3- Une lecture de la délinquance des mineurs.

 

 

L'INTERVIEW

 

Chaque chapitre est constitué d'un extrait vidéo (lien sur la photo) de l'interview réalisée en 2013, à Paris, ainsi que de sa retranscription en fichier .pdf imprimable (lien sur l'image : petitpdf).

 
 


La notion de sujet

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« 
Si nous voulons comprendre comment le monde se transforme, je ne dis pas que c'est la seule entrée bien sûr, mais l'entrée par l'idée de sujet est tout à fait utile, parce qu'elle nous permet de rentrer dans la façon dont les personnes pensent leur existence, leur situation, leur capacité d'action, leur action. »

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Subjectivation, désubjectivation et violence
 

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« 
Il y a d'abord des situations où un sujet ne peut pas devenir acteur et, pourtant, il voudrait l'être. Si vous êtes jeune, issu, comme on dit, de l'immigration, dans un quartier - les français disent une banlieue, mais ça veut dire un quartier plutôt déglingué - si vous êtes dans une situation de ce type, ghettoïsé, vous avez le sentiment de ne pas pouvoir vous construire, vous réaliser, peut-être que la violence sera la façon dont s'exprimera cette difficulté que vous ressentez à passer de votre subjectivité à l'action. »

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Une lecture de la délinquance des mineurs

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« 
Je pense qu'il est absolument nécessaire que les travailleurs sociaux en question aient les outils pour comprendre comment tel ou tel délinquant est devenu délinquant. (...) Et on va s'apercevoir que la logique de la délinquance c'est certainement une trajectoire plus ou moins complexe mais avec un certain nombre d'éléments de type sociaux, pour le dire vite. »

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Poursuivre en ligne...

 

Poursuivre la réflexion sur ces thématiques avec Wieviorka :

 - « Seul et ensemble, entretien avec Michel Wieviorka » (par Marie Raynal) - N°157 – juin 2009 de la revue Diversité Ville-école-intégration (VEI). Accessible sur le site du « scérén », centre national de documentation pédagogique :
www2.cndp.fr/revueVEI/157/div157_entretien_mw.pdf 

 - M. Wieviorka, « Du concept de sujet à celui de subjectivation/désubjectivation », Fondation Maison des Sciences de l'Homme - Working Paper n°16 juillet 2012 (FMSH-WP-2012-16, juillet 2012.) -  Le collège d'études mondiales.
hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/71/78/35/PDF/FMSH-WP-2012-16_Wieviorka.pdf

 - M. Wieviorka, « Pour comprendre la violence : l'hypothèse du sujet », revue brésilienne Sociedade e Estado, [online], janvier/juin 2004, vol. 19, n°1, pp. 21-51. (Département de sociologie de l'université de Brasilia.)
www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0102-69922004000100003

Pour poursuivre la réflexion sur la thématique de la violence, avec Wieviorka et d'autres auteurs, les actes des Rencontres Internationales de Genève sur cette question - Girard, A De Baecque, M. Wieviorka, S Gluzman, P. Ricoeur, « Violences d'aujourd'hui, violences de toujours », Rencontres Internationales de Genève, éd électronique (réalisée à partir du tome XXXVII (1999) des Textes des conférences et des débats organisés par les Rencontres Internationales de Genève, éds L’Age d’Homme, Lausanne, 2000) - sont accessibles en ligne :  www.rencontres-int-geneve.ch/volumes_pdf/rig37.pdf.

Pour un aperçu sur les problématiques sur lesquelles se penche le sociologue, nous proposons une visite à son blog personnel : wieviorka.hypotheses.org/. Il est également poossible de le contacter ou de le suivre par son compte Twitter : www.twitter.com/michelwieviorka.

Pour un aperçu de l'écriture de l'auteur interviewé, le site de l'université du Quebec à Chicoutimi propose en accès libre, avec accord de l'auteur l'ouvrage La différence (2001) (classiques.uqac.ca/contemporains/wieviorka_michel/la_difference/la_difference.html), et quelques autres articles.
-> classiques.uqac.ca/contemporains/wieviorka_michel/wieviorka_michel.html