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 LES SERVICES RÉSIDENTIELS AU MOMENT DU CONFINEMENT :

UN OUTIL RÉFLEXIF

 

 

Introduction

Nous vivons, depuis la mi-mars, un contexte qui a ceci de particulier que nous n’y sommes ni préparés, ni habitués. De plus, un sentiment de peur traverse ce contexte, et cela modifie sans doute les actions, réactions et solutions produites, de façon différente par chacune et chacun en situation de peur, à tout le moins d’inconnu.
Après une première vague de mesures de prévention sanitaires, mises en perspective par les médias et au vu des situations chinoise et italienne en particulier, nous avons chacune et chacun eu besoin de temps, de compréhension, d’acceptations diverses pour en arriver à l’état des lieux et aux nombreuses modifications pratiques actuelles.
Pour un Service Résidentiel Général (SRG), les mesures de prévention sanitaires (lavage des mains, désinfectant, AFSCA, etc.) sont monnaie courante. Dans un premier temps, nous les avons rappelées, renforcées, accentuées.
Nous avons pris le pouls de notre groupe de jeunes et de leurs familles, de nos équipes, pour arriver, chacun à notre rythme, à des mesures qui de jour en jour, s’éloignaient de nos habitudes et préparations.
Chacun à notre rythme également, nous avons été informés de la mesure « confinement sanitaire », au maximum le mardi 17 mars en soirée avec le point presse du Gouvernement fédéral.
Pour ce qui concerne les SRG en particulier, en lien avec les capacités réservées et les situations parfois complexes qu’elles peuvent générer, l’impératif de confiance réciproque entre mandants et services privés, au jour de trouver des solutions inédites de confinement sanitaire néanmoins bien traitantes, prend toute son importance.

Dans ce contexte, il nous a paru nécessaire de pratiquer un recul réflexif sur la situation que nous vivions pour essayer d’en tirer des enseignements sur le présent et pour le futur.
Nous proposons ici une première livraison où nous rassemblons les points réflexifs que nous avons essayé d’élaborer.

 

SRG : les paradoxes du confinement

 

L’explication en lien ci-contre nous paraît résumer assez bien le principe de limiter les interactions humaines. De là, si un confinement veut dire : « rester en contact avec les mêmes personnes un temps donné, pour qu’après ce temps donné, tous les « groupes confinés » puissent à nouveau vivre ensemble et avoir des interactions sociales », un SRG n’apparaît pas d’office comme un lieu adéquat, puisqu’il se fonde sur des interactions humaines (horaires-pauses des éducateurs, etc.).

   

 

 

 

 

Compte tenu de ce que demande un confinement sanitaire (pas d’interactions sociales) et de ce qu’est un SRG au niveau de son modèle organisationnel (succession d’intervenants qui se croisent pour garantir un encadrement permanent), les SRG ont dû, apprenant la mesure de confinement, redoubler de créativité pour imaginer des solutions pour permettre aux jeunes, familles, équipes, de participer activement à ce confinement solidaire.
Ceci sans parler du fait que les SRG, avant que ne débute le confinement fédéral, ont continué d’être ce qu’ils sont d’ habitude : le lieu qui accueille ceux qui ne sont plus accueillis en d’autres lieux (famille, école, hôpitaux, lieux de soins en journée...). Nous y sommes habitués et c’est ce qui fait notre sens, mais il faut ne pas oublier que les jours et semaines d’avant ce confinement à « organiser » ont été des jours et des semaines où des jeunes, qui n’étaient plus accueillis en d’autres lieux, ont déjà regagné les SRG en journée également, nous demandant de sérieuses adaptations.

 

Pour l’Aubépine, concrètement, nous avons été informés via le réseau de notre fédération, dès le lundi 16 mars, de la grande probabilité de confinement sanitaire à prévoir au maximum le 18 mars. Nous avons pu prendre avec l’équipe 2 journées (16 et 17 mars 2020) pour questionner pour chaque jeune, avec sa famille, son réseau et son mandant, les possibilités les moins mauvaises sur un plan sanitaire, possibilités qui devaient être d’office adaptées au jeune et à ses besoins sur le plan pédagogique et se trouver en adéquation avec la mesure d’aide.

 

Durant ces journées précédant le confinement, le secteur s’est questionné, ré-invitant à la créativité d’une part, garantissant la prise en compte des besoins particuliers des équipes d’hébergement d’autre part. A renfort de circulaires, nous avons reçu des indications redisant aussi ce que nous savons, ce à quoi nous croyons : la garantie de l’intérêt de l’enfant.
Le 18 mars, nous avons informé l’ensemble des mandants des solutions bien traitantes, bienveillantes et fondées sur la participation du jeune, de sa famille, de l’équipe et des mandants chaque fois que nous avons pu les avoir en ligne dans cette urgence. En majorité, les solutions de confinement externes ont été validées et mobilisées, avec un soutien téléphonique, plus un acheminement de vivres « désinfectées » quotidien, plus une série de dispositions permettant le retour en confinement au sein du SRG dès que nécessaire, ce qui est bien entendu impossible à prévoir.
Nous avons néanmoins été étonnés de devoir rencontrer le refus de mandants ne validant pas les solutions pédagogiques et sanitaires les moins mauvaises possible pour des jeunes, nous renvoyant à notre responsabilité si ces solutions étaient, tout de même, activées. Nous avons pris nos responsabilités.

 

Une grille de lecture
pour soutenir le travail induit par le confinement

Quoi qu’il en soit, comme nous l’avons déjà évoqué, une solution trouvée ne peut être considérée comme acquise pour tout le confinement et elle ne signifie pas non plus que le SRG considère qu’il n’est plus partie prenante de la situation.

Il était donc important pour nous d’essayer d’élaborer un outil permettant une évaluation des solutions imaginées et un suivi dynamique de celles-ci.

Nous le présentons ci-dessous en suivant les étapes de son développement

  • A. Un pré-requis

Si on admet quele confinement sanitaire idéal est celui qui préserve d’interactions sociales changeantes, on peut considérer qu’un SRG est plutôt inadapté SANITAIREMENT vu son système d’organisation basé sur des interactions entre éducateurs, favorisant en tout cas les échanges entre éducateurs qui se succèdent. La « famille », par contre, peut être considérée comme adaptée SANITAIREMENT (famille s’entend ici dans le sens d’un groupe de personnes qui vivent sans cesse ensemble, sans interaction avec d’autres groupes, une famille est pour un jeune en SRG tout groupe fermé de soutien externe : familier, familier élargi, famille-amie, copains, réseau... connu par le jeune, l’équipe, le mandant).

  • B. La recherche de solutions les moins mauvaises possible

Les SRG, dans l’urgence des 16, 17 et 18 MARS ont tous dû essayer, sanitairement parlant, de proposer aux jeunes qu’ils accueillent des solutions de confinement « moins mauvaises » que la solution d’être confinés en SRG. Ces solutions « Hors SRG » ont été renforcées par une circulaire pour les mandants.1

Les possibilités d’activer dans l’urgence (16 à 18 mars midi au maximum...), pour chacun des jeunes accueillis dans un SRG, des solutions externes dépendent d’une série de dimensions :

  1. L’avis du jeune/de sa famille, leurs idées.
  2. La configuration du groupe de jeunes actuellement pris en compte par le SRG (âges, besoins, programmes d’aide).
  3. L’état de l’activation/mobilisation, pour chacun des jeunes pris en compte, de réseaux familiaux, familiaux élargis, réseaux de soutiens externes.
  4. L’état de la prise en compte, pour chaque jeune, de ses réseaux de soutiens externes par son programme d’aide et les relations qu’il permet, de leur validation « pré-covid » par les services mandants.

  • C. Deux points de repère à prendre en compte

En fonction de ces 4 dimensions et de leurs développements et prises en compte possibles dans la période de réaction à l’information du confinement requis, chaque SRG est parvenu, dans le temps restreint qui lui était imparti, à des solutions qui peuvent sans doute se situer entre deux pôles (pour un modèle de 15 jeunes pris en compte) :

15 Jeunes en confinements externes différenciés

  ><  

15 jeunes confinés au sein du SRG

Compte tenu de la façon dont nous entendons la mesure de confinement sanitaire (précisée ci-dessus) comme la limitation la plus stricte possible des interactions sociales, il apparaît que les équipes, sur le plan sanitaire, ont souhaité favoriser (comme dit dans les circulaires ministérielles relatives aux « sorties de jeunes »2) le pôle vert, quand il était possible à activer. Mais il faut tenir compte aussi, nous semble-t-il, de deux autres pôles en tension.


La participation possible
du jeune et/ou de ses réseaux
et l’intérêt pédagogique du jeune

 

  ><  

La participation impossible
du jeune et/ou de ses réseaux,
la difficulté pédagogique pour le jeune

Compte tenu de la façon dont nous (SRG) envisageons notre travail comme un outil de lutte contre les exclusions et difficultés pour les jeunes, il apparaît que les équipes, toujours, crise ou pas, favorisent le pôle vert (dans la ligne décrétale à laquelle ils souscrivent).

 

  • D. Balises pour évaluer les situations et en réaliser un suivi dynamique

Ces balises peuvent servir pour « structurer » l’état des lieux des solutions mises en œuvre, par les SRG, pour participer au confinement solidaire, pour les jeunes, leurs familles, et les équipes :

Risque
sanitaire

  =  

 

risque de propagation du virus pour le jeune, vers un jeune, pour l’équipe, pour les familiers des membres de l’équipe… ce risque est dû aux nécessaires interactions entre équipes.
Plus ce risque est élevé, plus la peur, les tensions, les conflits, en famille et en équipe, apparaissent.

Intérêt
sanitaire

  =  

 

solution de confinement permettant au jeune, à sa famille, aux équipes, le respect le plus complet possible des limites aux interactions sociales.
Plus ce risque est faible, plus l’assurance, la participation aux actions collectives, les idées de l’équipe, apparaissent.

Intérêt pédagogique/
participation du jeune
 

  =  

 

étape, bien qu’inédite et imprévue, faisant partie du processus du jeune, de son chemin, en plein accord avec son avis, sa famille, son mandant. La solution de confinement apparaît comme une opportunité d’expérimenter une solution quoi qu’il en soit inédite, mais qui prend place dans un cadre et un processus qui le rend possible pour son intérêt et ses projets.
Plus cet intérêt est poursuivi, plus les SRG font leur boulot et arrivent à le faire.

 

Difficulté pédagogique/
Pas de participation possible du jeune et des ses réseaux
 

  =  

 

la solution externe ou interne de confinement n’aide pas le jeune, sur le plan de son processus de soins, de son chemin de vie.
Plus cette difficulté augmente, moins les SRG font leur boulot, et arrivent à le faire.

 

  • E. 4 zones de possibles, mises en place par les SRG, pendant cette période de confinement

A partir de ces balises, nous pouvons distinguer des possibles différents selon les situations.

    1. Les jeunes sont hors du SRG, une situation de confinement sanitaire est possible et pédagogiquement elle semble être la moins mauvaise possible pour les jeunes, leur famille, les équipes.
      Des tactiques « nouvelles » sont mises en place dans cette configuration : liens téléphoniques, contacts vidéos, acheminement de vivres désinfectées, etc...

    2. Les jeunes sont hors du SRG , situation de confinement sanitaire possible mais des difficultés sont possibles sur le plan pédagogique pour le jeune.
      Ce champ-là est plutôt subi par le service que choisi. Il peut s’accompagner de fugues, d’un décrochage du jeune avec l’équipe en période de confinement...

    3. Les jeunes sont confinés dans le SRG, confinement sanitaire limité vu les interactions de l’équipe avec l’extérieur, et ce n’est pas la solution la plus adéquate possible sur le plan de l’intérêt du jeune (thérapeutique, vie en groupe, confinement dans un lieu qui essaie d’être un lieu ouvert pour le jeune…).  
      Des tactiques « nouvelles » accompagnent ce possible : vu que c’est la seule solution pour le jeune, cette solution est vécue « au mieux qu’on peut » pour le jeune et pour les équipes :
      • Passage en mode camp pour limiter les interactions entre équipe jour-nuit.
      • Prestation prolongées/limitées.
      • Renforts d’autres équipes si équipes malades.
      • Augmentation drastique des mesures d’hygiène, etc.

    4. Les jeunes sont confinés « en alternance » en famille et en SRG (ce qui est d’emblée une limite sanitaire), donc en limitant les échanges famille-SRG.
      Les tactiques « nouvelles » suivantes sont requises : une première partie de confinement en famille, puis retour au SRG, avec échange le plus franc possible entre la famille et le SRG sur l’état des symptômes éventuels pour le jeune, la famille ; ensuite, des confinements « temporaires » en SRG (quelques heures sans rentrer dans la zone SRG confinée pour les jeunes qui y sont, ce qui implique des lieux, à l’intérieur du SRG, clairement différenciés), afin de pouvoir ensuite repartir en confinement familial sans le mettre à mal, ni mettre à mal le confinement institutionnel.

 

  • F. Voici comment nous pourrions proposer de répartir les réactions créatives et solidaires des SRG, dans cette urgence sanitaire, autour de ces 4 zones.

 

TableauCroise4Zones

 

  • G. L’exercice de l’évaluation

On peut alors placer les jeunes dans le graphique, en utilisant un point par jeune. Nous avons choisi d’utiliser des couleurs différentes de points.

 

TableauCroiseLegende1

En répartissant de la sorte les jeunes de l’institution dans la structure croisée, en les figurant par des points numérotés avec le code couleur ad hoc, et en actualisant le tableau, on peut suivre le parcours de chaque jeune au cours du confinement.

Il est possible également de raffiner l’encodage en spécifiant le type d’accompagnement proposé à l’égard de chaque jeune.
A titre conservatoire et sans préjudice d’autres interventions possibles, voici quelques possibilités de codes

TableauCroiseLegende

Notes de la première partie

1- Circulaire ministérielle du 18 mars 2020, relative aux mesures temporaires suite à la pandémie de Coronavirus, adressée aux Conseillers et Conseillères de l’aide à la jeunesse et à leurs adjoints, aux Directeurs et Directrices de la protection de la jeunesse et à leurs adjoints, aux Juges de la jeunesse de Bruxelles.

2- Circulaires ministérielles des 13 et 18 mars 2020, relatives aux mesures temporaires suite à la pandémie de Coronavirus, adressées aux présidents et présidentes des pouvoirs organisateurs agréés et subventionnés par l’aide à la jeunesse et des directions des services agréés par l’aide à la jeunesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

Introduction

 

Dans ce chapitre du Carnet « Les services résidentiels au moment du confinement : un outil réflexif », nous nous attacherons à présenter l’usage fait par le SRG l’Aubépine de la grille de lecture proposée précédemment. L’objectif est de tester l’outil et de mettre à disposition du secteur les réflexions qui en sont issues.

Pour rappel, la grille se base sur :

  • une structure croisée opposant deux axes (un axe sanitaire ; un axe de participation) dont le croisement délimite 4 possibilités de confinement ;
  • des points permettant d’identifier où se trouvent les jeunes ;
  • des codes couleurs permettant, pour chaque jeune, de préciser les modalités d’accompagnement mises en place par le SRJ :


Etat_LieuxConfinement_SRG_Aubepine1

Ce carnet de bord fait le point sur les évolutions des situations de confinement à l’Aubépine durant les 3 premières semaines, soit du 18 mars au 7 avril.

Nous présenterons d’abord les évolutions des parcours de confinement des jeunes au départ de la structure croisée.

Dans la foulée, nous préciserons les contextes de confinement et les modalités d’accompagnement concrètes mises en œuvre.

Enfin, nous ferons le bilan de ces 3 semaines, avec les questions que cela nous pose.

 

Trois semaines de confinementé :
les évolutions de parcours de confinement des jeunes

Visualiser le fichier complété au fur et à mesure en détail dia par dia (ci-dessous).

18mars_Etat_LieuxConfinement_SRG_Aubepine2

 

25mars_Etat_LieuxConfinement_SRG_Aubepine3

 

6avril_Etat_LieuxConfinement_SRG_Aubepine4

 

7avril_Etat_LieuxConfinement_SRG_Aubepine5

 

 
OUTIL

Si vous souhaitez utiliser cette matrice, vous pouvez la télécharger ci-dessous en version "présentation /powerpoint /impress" modifiable 7avril_PPT_Etat_LieuxConfinement_SRG_Aubepine.pptx

 

Les contextes de confinement
et les modalités d’accompagnement concrètes mises en œuvre

 

  • Le système de confinement interne

Dès début mars nous avons augmenté les mesures sanitaires internes, et petit à petit compris et accepté ensemble l’impératif de modifications à mener collectivement.

Concrètement, depuis la mi-mars, le SRG est réparti en 3 zones distinctes.

  • Une zone avec les travailleurs présents tous les jours, en journée (coordination, direction, comptabilité 1X/Semaine).
  • Une zone confinée avec un jeune et une jeune du SVE (Service volontaire européen) confinés (personne d’autre n’y entre).
  • Une zone BIS confinée, qui est aussi la zone « pour accueillir un éventuel cas de covid », et surtout utilisée pour les « confinements en alternance », pour accueillir un jeune une heure, un repas, une journée, une nuit, sans lien avec la zone totalement confinée (juste un éducateur distant), pour ne pas mettre à mal ni le confinement du SRG, ni le confinement externe dans lequel le jeune peut ensuite repartir.

 

  • Les situations individuelles et les actions menées

 

Jeune

Contexte de confinement

Accompagnement du SRG

1

En famille maternelle, dans le cadre d’un projet de réintégration en cours.

Téléphone/ SMS (min 2X/ semaine à notre initiative) + appels réguliers de Mme et du jeune.

Acheminement de vivres et demandes du jeune et de sa famille : habits d’été, maillot, trottinette, masques en tissu, jeux d’intérieur offerts par le réseau de soutien du SRG + activités scolaires + médicaments.

Présence mobilisable d’un éducateur sur le lieu de confinement (pour un moment dans l’espace public avec le jeune).

2

dblFleche

En famille élargie (sœur majeure de la jeune). Avec ouverture du SRG, pour quelques heures voire nuitée(s) de manière à tenir compte des horaires imprévisibles de la sœur qui travaille.

Raison pour laquelle le chiffre 2 est placé sur la limite « dans et hors du SRG ».

E-mail, SMS, téléphone (min 2X/ semaine à notre initiative) + e-mails réguliers de la sœur.

Acheminement de vivres et denrées + activités scolaires.

Temps au SRG (zone confinée BIS) avec un éducateur, pour permettre ensuite le retour en confinement familial.

Disponibilité au besoin de la thérapeute de la jeune + de l’espace rencontre avec son père, par téléphone.

Organisation de visite « encadrée et confinée » au sein du SRG, en début de confinement, pour prévenir et pallier à la fermeture de l’espace rencontre, et se préparer à la séparation « sanitairement obligatoire ».

3

En famille élargie (tante du jeune), on propose un accueil prolongé car déjà en route le 18 mars, avec une limite fixée d’emblée au 22 Mars.

Au 22 Mars, retour pour confinement au SRG, avec une de nos volontaires européennes.

Téléphone (min 2 X/semaine à notre initiative) + appels réguliers de la famille et du jeune.

Présences ponctuelles d’un éducateur sur le lieu de vie pour évaluer la poursuite ou pas du confinement en réseau familial.

A partir du 22 mars, présence permanente de la volontaire avec le jeune au sein du SRG confiné, en plus de l’équipe présente en alternance, en journée, hors SRG confiné.

4

dblFleche

En famille maternelle (WE et vacances habituellement passées dans ce cadre).

SMS, téléphone (min 2X/ semaine à notre initiative) + SMS réguliers de Mme + SMS très réguliers de la jeune.

Acheminement de vivres, denrées, médicaments, activités scolaires, autres demandes alimentaires, papier toilette, habits, crème solaire, jeux, bricolages de pâques, jeux de société, contraceptifs.

Présence ponctuelle d’un éducateur pour un petit moment avec la jeune.

5

dblFleche

En famille maternelle

(en temps normal, en structure de soins pédopsychiatriques en journée, soirées SRG, WE en famille).

SMS, téléphone (min 2X/Semaine à notre initiative) + SMS et appels réguliers de Mme. Appels téléphoniques du jeune.

Poursuite de la collaboration avec la structure de soins de jour.

Présence d’un éducateur au lieu de confinement, pour un moment pour le jeune, à la demande du jeune et de la famille. Pour faire le point et entendre l’avis du jeune sur sa situation en confinement, ses besoins.

D’autres petits moments avec son éducateur ont été refixés, a priori 1X/semaine actuellement.

  • Du 06 au 08 avril : 3 jours de « camp » hors du confinement familial, à la demande du jeune et en suite des divers moments passés avec les éducateurs « au sein de la famille de confinement ».

  • Prolongation du « camp » (c’est-à-dire accueil au SRG, mais en zone BIS pour permettre le retour au confinement familial).

  • 09 avril : prolongation du temps à l’Aubépine . Poursuite actuelle du confinement BIS, jusqu’à ce que, en concertation avec les équipes de soins médicaux dont nous attendons patiemment les retours, nous options pour une solution concertée la plus soutenable possible pour le jeune. Selon cette décision et en fonction des retours à réorganiser – ou pas – en famille durant ce confinement, ce jeune passera dans la zone SRG confinée, ou restera en mode « camp » avec un éducateur individuel dans la zone BIS.

6

Au sein de son réseau de soutien, dans le village du SRG.

E-mail, SMS, téléphones réguliers.

Passe au SRG chercher son courrier.

Projet vidéo.

7

Fin de mandat 01 mars 2020.

7 mandants informés des 3 possibilités de prise en compte

8

Fin de mandat 01 mars 2020.

9

Fin de mandat 01 mars 2020.

10

Au sein de son réseau de soutien, famille de l’actuel petit ami.e du jeune.

SMS et appels réguliers.

Acheminement de vivres/denrées/activités scolaires/ jeux de société/activités «  passe-temps ».

Moments réguliers de balade avec un éducateur, autour du lieu de confinement, dans une visée de soutien à la période complexe.

11

Au sein de son réseau de soutien, famille de l’actuel petit ami.e du jeune.

SMS et appels réguliers.

Acheminement de vivres/denrées/activités scolaires/ jeux de société/activités « passe-temps ».

Petits moments de présence d’un éducateur, autour du lieu de confinement, dans une visée de soutien à la période complexe.

Prise de contact régulière avec les thérapeutes du jeune pour veiller à la cohérence et fournir le soutien thérapeutique nécessaire.

12

En résidence autonome – Kot

+ en lien avec son réseau familial au besoin.

SMS et appels téléphoniques.

Acheminement mobilisable de vivres et denrées.

Présence possible d’un éducateur au lieu du kot.

Travail de soutien quotidien, de la part du service social, pour veiller à ce que ce jeune qui sera majeur dans quelques jours, ait droit d’une part à la prolongation de son programme d’aide introduite à son service mandant, d’autre part à l’allocation CPAS lui permettant de poursuivre le soutien AJ pour la mise en kot. 2 suivis administratifs centraux dans l’intérêt du jeune, particulièrement compliqués à garantir dans ce contexte sans rencontres physiques possibles.

13

En famille, en attente d’un kot à libérer.

SMS et appels téléphoniques.

Acheminement mobilisable de vivres et denrées.

Présence possible d’un éducateur au lieu du kot.

14

Au départ du confinement, en mise en observation. Fin de mesure en cours de confinement.

Passage de relais vers le réseau familial élargi, proposant l’accueil de la jeune pour le contexte particulier de confinement et le suivi de la mise en observation.

Présence (tant que pas empêchée par les mesures sanitaires) aux concertations hospitalières, et pour la jeune au sein de l’hôpital.

Contacts très réguliers par SMS et téléphone, avec la jeune et sa famille.

Activation d’un relais via visioconférence avec un service mobile de soutien en santé mentale, pour le jeune, sa famille de confinement et les équipes, afin de soutenir le temps de confinement en suivi de la mise en observation.

 

15

En fugue au départ du confinement.

Rentrée ensuite 5 jours en confinement chez sa sœur (avec validation SPJ du projet de confinement hors SRG accompagné par le SRG).

Ensuite confinée en famille maternelle, après complications dans le premier lieu de confinement.

Contacts SMS et téléphone avec la jeune et ses familiers.

Activation d’un accompagnement via SMS, tél., visioconférence, avec l’équipe d’un service mobile de soutien en santé mentale, possible mais pas encore mobilisé par le jeune.

 

 

Le bilan de trois semaines de confinement

Les observations

  • Les bonnes idées des jeunes

Les 16 et 17 mars, nous avons pris un temps de partage avec chaque jeune (et par ailleurs avec sa famille et son mandant) sur base de l’approche suivante : « il y a de très grandes chances que, d’ici mercredi, pour lutter ensemble contre le virus dont on parle depuis quelques jours, le gouvernement demande à chaque citoyen de rester le plus possible au même endroit avec les mêmes personnes. Qu’en penses-tu ? et où te sentirais-tu « le plus assuré » pour passer ce type de moment imprévu et étonnant ? ».

Les jeunes ont donné des idées, justes, valides de notre point de vue d’équipe, cadrant avec leurs programmes d’aide et l’avis de leurs mandants (sauf 2 cas, refusés par le mandant, bien que pour nous cohérents sous l’angle des divers intérêts des jeunes : santé, participation à l’effort collectif sanitaire, cheminement thérapeutique, avis et accord des jeunes et des familles, etc.).

Les jeunes (sauf les deux jeunes dont la solution était refusée par le mandant, et qui voulaient à tout prix éviter d’être confinées ensemble) étaient aussi d’accord pour rester au SRG, mais en second choix, après leurs idées « externes ». Les adultes mobilisés par les jeunes avec l’équipe se sont montrés solidaires, motivés, ils ont fait le travail de préparer, vite mais bien, ces confinements imprévus.

 

  • La mobilisation et la participation des familles

De la part des familles et réseaux, très impliqués, nous avons reçu plusieurs retours de « merci » pour la confiance accordée via ces projets « long terme d’accueil hors du SRG ». (Le terme habituel d’accueil d’un jeune par son réseau est d’un week-end, parfois d’une semaine durant les vacances. Avec le Covid, le terme s’allonge potentiellement, sine die, n’étant pas défini autrement que par la durée de confinement. Le contrat passé pour les confinements externes était : « jusqu’au moment où vous nous dites stop, où le jeune dit stop, et au maximum quand le gouvernement arrête le confinement »).

Une famille a particulièrement repris des contacts plus réguliers que d’habitude, plus longs également. Elle est actuellement en conférence vidéo avec un autre de ses enfants, lui confiné au SRG, alors que nous avons « habituellement » des contacts moins faciles.

L’ensemble des majeurs accueillants, familles-réseaux, participent à nos rencontres téléphoniques, évoquent les difficultés (santé, alimentation, finances, denrées, vivres, ambiance, médicaments, etc.).

Le « décalage » des difficultés, par téléphone ou par un petit moment avec le jeune « autour de son lieu de confinement avec un éducateur » est régulièrement utilisé.

Par décalage, on entend la possibilité pour le jeune de prendre du recul, de se décaler par rapport aux difficultés vécues, mais aussi la possibilité pour lui de « redescendre », de débloquer quelque chose qui s’était « calé » dans la situation.

 

  • Les contacts très réguliers

Les jeunes nous envoient des SMS et appellent très régulièrement. Le lien existe, se confirme, se détend, mais on observe beaucoup de remarques du genre « à la fois c’est génial et à la fois le foyer me manque », ou « après ça, il va falloir qu’on rediscute », ou « des petites choses, des petits besoins, anodins mais nombreux, auxquels le SRG répond ».

 

  • Les nombreuses interventions pratiques

Aller faire une promenade dans l’espace public avec un jeune confiné, amener des jeux de société, des médicaments, de la nourriture, des exercices de l’école, des vêtements, échanger par téléphone, réexpliquer le confinement possible à tout moment au sein du SRG, organiser un moment de retour d’une journée, ou de quelques nuitées dans la zone de confinement BIS en mode « camp avec éducateur », … Nous saisissons toutes les possibilités pour permettre que le temps « externe » continue dans les meilleures conditions.

 

  • Les « changements de lieux » nécessaires

Nous observons que, pour certains jeunes, il est nécessaire que des changements continuent d’avoir un minimum lieu pendant ce confinement ; par exemple : la jeune en fugue qui a déjà changé trois fois de lieu, sans doute en lien avec ses besoins psychiques également ; les jeunes qui demandent à ce que nous les aidions à organiser des moments hors de leur lieu de confinement, même tout petits (même se voir 5 minutes en amenant de la nourriture, c’est déjà une bouffée d’aide).

 

  • Les bonnes idées en cours de confinement

Dans les nombreux échanges avec les éducateurs, beaucoup de nouvelles idées s’expriment : « je me rends compte que seul c’est dur, que seul c’est possible avec des gens qui m’aident / des gens qui m’aiment, que le foyer me manque un peu mais pas trop, que l’école me manque un peu mais pas trop, qu’on pourrait se poser de nouvelles questions après cela... ».

 

  • Les questions pour l’après confinement

Pour les deux cas où le confinement s’inscrit dans un projet déjà en cours de réintégration familiale proche, les familles et les jeunes se demandent déjà comment cela pourrait être pris en compte pour activer les choses.

La position du SRG est celle-ci :

  • continuer de faire de l’obligation sanitaire actuelle une opportunité de réussite en famille, d’expériences positives ;
  • continuer d’affronter ensemble les soucis, de les nommer, de les dépasser (avec des petits temps « out » autonomes ou avec notre aide) ;
  • savourer le moment présent et l’incroyable défi de tenir confinés, défi pour tous les humains, mais plus encore pour des familles qui en font une activation de leur projet de revivre ensemble, après une mesure d’aide qui l’empêchait ;
  • veiller à ce que les nombreux efforts et compétences du jeune et de sa famille, mobilisés pendant ce confinement, ne se « retournent pas contre leurs projets, envies et possibilités », et s’il y a des soucis, bien compréhensibles, les affronter ensemble ;
  • se rassurer sur le fait qu’une fois la période « covid » dépassée, nous nous poserons les questions nécessaires, avec le jeune, son réseau, sa famille, les mandants, pour construire des nouvelles idées, des idées soutenantes, positives pour le jeune, que ce soit un retour « bien nécessaire » en SRG, ou une poursuite d’une « sortie de SRG », ou tout autre chose.

 

 

Introduction

Les questions que pose la situation inédite de pandémie de coronavirus aux services de l’aide à la jeunesse qui hébergent habituellement des jeunes sous mandat sont nombreuses. La consigne de confiner les jeunes dans les meilleures conditions sanitaires possible nécessite en effet de « sortir » un maximum de jeunes du SRG, le temps du confinement, dont la durée reste incertaine. Où envoyer ces jeunes ? Les paradoxes apparaissent rapidement : si les jeunes sont en SRG, c’est parce qu’ils ont été éloignés de leurs familles et qu’une autorité mandante a estimé que le placement temporaire dans une institution agréée était la meilleure solution.

Il nous a semblé que cette situation inédite posait en filigrane la question du travail en réseau. Dans quel type de réseau peut-on espérer trouver une solution, temporaire elle aussi, à ce qui était auparavant la solution éducative au problème vécu par le jeune, mais qui ne peut pas être la solution sanitaire pour protéger ce jeune et les autres jeunes du coronavirus ?

Nous avions en 2009 élaboré une typologie du travail en réseau au départ de nos interventions dans le secteur de l’aide à la jeunesse. Nous avions identifié que deux types de réseaux se construisaient autour du centre de gravité que constitue la prise en charge des bénéficiaires : le réseau d’aide et le réseau de soutien. Nous en reprenons la définition élaborée à l’époque, ensuite nous tenterons de mettre en relation ces définitions et la situation actuelle de confinement.

 

Deux logiques de réseau

« Le réseau de soutien est celui qui se rencontre dans l’intervention en milieu ouvert ou dans l’aide générale.

Le constat de base porte sur l’absence de lien social (ou la fragilité de celui-ci) dans le chef du bénéficiaire, qui est soumis à un problème léger mais diffus, ou plus aigu mais précis et limité. Le bénéficiaire est en difficulté, mais sa demande est celle d’une aide limitée, souple, dont il puisse rester le commanditaire. Il a besoin qu’on l’aide à retisser du lien, à (re)prendre en main son parcours. Le travail du professionnel sera, autour de chaque bénéficiaire, de créer du réseau et du lien, de mobiliser une solidarité de communauté locale. Il s’appuiera sur sa connaissance des services locaux, de la société civile, de l’entourage du bénéficiaire, qui est le pivot de l’action, toujours singulier, et dont l’implication est indispensable. Sa mission relève d’une intermédiation : médiateur, intermédiaire, rempart, il est « au milieu » et garantit du lien, en le (re)créant, en le consolidant, en le protégeant le cas échéant. L’exemple emblématique est le travail individuel en AMO : écoute, orientation, accompagnement, conciliation, soutien, intervention socio-éducative, autant de manières de faire dans ce modèle.

Le réseau d’aide est celui qui concerne des prises en charges multiples, des difficultés cumulées de bénéficiaires dans plusieurs domaines. L’objectif de ce réseau est de rompre avec une action segmentée, cloisonnée et spécialisée, menée par plusieurs services en parallèle ou en succession, pour envisager la personne et sa prise en charge globalement. Il vise à éviter les contradictions ou les doubles emplois dans les prises en charge, à établir une séquentialisation correcte des phases de l’aide, à renforcer les liens institutionnels pour fluidifier les interventions. Le travail se fait là au bénéfice de personnes singulières, mais aussi plus génériquement, au profit de bénéficiaires en situations semblables. Les bénéficiaires sont toujours le centre de gravité de l’action, leur « présence » est forte, mais leur implication dans le réseau en tant que tel n’est pas indispensable ; c’est davantage l’affaire des professionnels. »1

Le réseau d’aide est donc celui où sont prises en charge les situations sous mandat. La mission de coordination qui est confiée au conseiller de l’aide à la jeunesse l’illustre clairement. L’esprit de la loi est de faire en sorte que le jeune puisse sortir de ce réseau aussi rapidement que possible. Dans le fonctionnement normal de l’aide à la jeunesse, à un moment donné, quand la solution est mûre, on passe d'un réseau d’aide à un réseau de soutien ; en gros, le travail de réintégration familiale passe par un allègement de l’encadrement rapproché du jeune hébergé au profit d’un retour vers le milieu « naturel » de ce jeune, moyennant encore, le cas échéant, un coup de pouce hors mandat. Ce passage se prépare, bien évidemment, et le SRG a sa part dans le travail de restauration du lien temporairement rompu ou distendu entre le jeune et sa famille et dans le tissage ou le renforcement de supports à l’extérieur de l’institution.

Avec la pandémie de coronavirus, la progression « idéale » est court-circuitée. Il faut, au sein du réseau d'aide encore nécessaire, trouver des solutions qui ne sont pas celles qui auraient émergé en temps « normal ».

Des circulaires ministérielles ont balisé le problème, dans un premier temps, dans la logique « réseau d’aide », telle qu’elle doit être, dégressive. Ainsi, la circulaire du 13 mars invite les services agréés à prendre contact avec les mandants afin d’envisager une accélération des réintégrations familiales déjà programmées, en augmentant les retours en familles (prévus également) ou les séjours en famille de parrainage. Par ailleurs, des tâches minimales devaient être définies au sein des services pour assurer une continuité.

L’objectif était de trouver des solutions aussi sécures que possible hors les murs des SRG, pour réduire le nombre de jeunes accueillis en SRG et permettre à ceux-ci d’héberger les enfants pour lesquels ces mesures d’éloignement n’étaient pas envisageables.

La circulaire rappelle aussi que la décision de contact d’un jeune avec sa famille relève de l’autorité mandante.

Si un certain nombre de situations ont pu entrer dans cette configuration, il en est d’autres pour lesquelles ce qu’on pourrait considérer comme un ajustement temporaire du réseau d’aide ne convient pas. Il faut chercher ailleurs.

La question devient alors : des solutions qui sont plus proches du réseau de soutien que du réseau d’aide sont-elles légitimes en temps de crise sanitaire comme celle du coronavirus ?

En d’autre termes, peut-on envisager des solutions de soutien pas totalement « orthodoxes » (sinon on les utiliserait plus souvent), mais néanmoins « tenables » ? Par ricochet, la question devient : où s’arrête l’orthodoxie d’une solution, et à quoi peut-on mesurer qu’elle est cependant « tenable », et comment peut-on trouver un équilibre entre ces deux opposés ?

Pour préciser encore cette notion d’orthodoxie des solutions pour les jeunes, il ne nous paraît pas inutile de préciser que ce qui fait que ces solutions « imprévues et inédites » ont dû s’inventer dans ce contexte, c’est d’une part l’équilibre complexe à trouver entre la santé sanitaire individuelle et collective et les autres dimensions, diverses, de la santé des jeunes ; c’est d’autre part « l’occasion » produite par ce confinement. En effet, outre les périodes prévues de congés scolaires, durant lesquels il est de bon ton d’arrêter le « travail scolaire », de « partir en activités, en camp, à l’aventure » ou les périodes longues de décrochage scolaire d’un jeune, il existe peu d’espaces-temps au cours d’une année, en d’autres termes peu « d’occasions » pour se donner le temps, la possibilité et les moyens de centrer les énergies, le travail et les idées sur l’activation des réseaux d’aide et de soutien pour les jeunes.

Ce confinement est une occasion, quoi qu’il en soit, de donner aux jeunes et aux dispositifs d’aide auxquels ils ont droit, de nouvelles intentions.

 

Des définitions
qui se situent dans des paradigmes différents

Une des composantes importante à prendre en compte dans cette question de « l’orthodoxie » tourne autour de questions de définitions.

Le Code donne en son livre I des définitions de ce qu’il entend par famille (les personnes avec qui l’enfant ou le jeune est dans un lien de filiation ainsi que le tuteur et le protuteur) et par familiers (les personnes avec lesquelles l’enfant ou le jeune a des liens affectifs ou sociaux, telles que déterminées par le conseiller, le directeur ou le tribunal de la jeunesse2, en concertation avec l’enfant ou le jeune et sa famille ; les accueillants familiaux sont sans exception des familiers)3.

Ces définitions balisent un texte juridique et n’ont pas vocation à être sociologiques, culturelles ou anthropologiques4. Elles ne recouvrent pas – et on peut le comprendre – tout le champ des possibles, tout le potentiel réseau de soutien de l’enfant.

Il semble important d’établir ce qu’on peut entendre par réseau de soutien. On n’entend pas nécessairement par là qu’il s’agit de la famille du jeune, de ses familiers, au sens du Code, ou d’un lieu de réintégration possible au sens où l’entendent les circulaires citées supra, mais d’un ensemble de repères positifs pour le jeune, de personnes où de lieux auxquels il est attaché, avec qui et où il se sent soutenu, porté, qui l’aident à avancer, à tenir. En bref, qui servent sa subjectivation.

Pour la psychiatre Frédérique van Leuven,

« l’attachement est un élément essentiel dans la construction du lien intersubjectif qui peut se définir comme la manière, toujours singulière, dont un sujet arrive à nouer des relations, à les maintenir, à se séparer et à renouer. Il ne concerne pas uniquement les relations aux personnes, mais l’investissement de tout ce qui nous fait humains : les objets, l’argent, des lieux, un métier, un art, un sport, mais aussi le lien à la nature et au monde. »5

On sait combien des rencontres peuvent être importantes pour des jeunes – rencontre d’un enseignant qui métamorphose le cancre en un passionné intarissable ; rencontre d’une activité qui illumine et qu’on a découvert par hasard en accompagnant un ami ; rencontre de l’amour ; rencontre, aussi, d’un éducateur ou d’une éducatrice qui « marque », etc. Ces rencontres, non programmées, improbables, et parfois même non désirées, arrivent, parce que nous sommes des êtres sociaux, et elles contribuent à construire ce que Robert Castel appelle des supports [de subjectivation].

Sortant sans doute des clous du réseau d’aide, ces supports sont-ils pour autant illégitimes pour supporter le jeune – et pour supporter le réseau d’aide lui-même, puisqu’ils aident le jeune à surmonter les évidentes difficultés liées à sa famille biologique – en situation inédite qui invite à l’innovation (il faut confiner, mais où ?).

Dire qu’ils ne sont pas illégitimes ne revient pas cependant à dire qu’ils sont d’office légitimes. Peut-on, par exemple, proposer le confinement d’une jeune dans la famille de son petit ami – nous prendrons cet exemple comme emblématique d’autres cas de figure.

La solution n’est pas « orthodoxe » – elle n’est pas d’office validée par le mandant, qui est habilité à déterminer qui fait partie du cercle de familiers de chaque jeune en fonction de sa situation. Comment voir si la solution est cependant « tenable » ? Les mandants ont évidement un rôle à jouer dans la pièce, quand il faut s'accorder sur ce qui est « tenable ». Quelques balises peuvent permettre une évaluation des situations (une réflexion sur le sens et la valeur de ce qu’on est occupé à faire).

  • Pas d’improvisation

Il n’est pas question, sous prétexte d’urgence sanitaire, de bricoler en toute hâte une solution à l’emporte-pièce. Cela mobilise toutes les compétences du SRG sur sa connaissance fine des jeunes dont il s’occupe.

En l’occurrence, la solution préconisée (la famille du petit ami) n’est pas improvisée, et elle recueille l’accord de toutes les parties (jeune, familles, éducateurs, thérapeute, avocat), hors mandant ; les avis convergent pour dire que c’est le moins mauvais endroit pour qu’elle se sente en sécurité, le temps du confinement.

  • Une solution qui ne met pas à mal la subjectivation du jeune

La solution préconisée pour cette jeune n’est pas la solution idéale : c’est juste la moins mauvaise.

Le SRG devra mobiliser des ressources pour faire en sorte que cette solution puisse en rester une jusqu’à la fin du confinement.

Confinement qui est lui-même un acteur non-humain qui peut se montrer particulièrement redoutable dans la pièce : on sait que dans n’importe quelle famille, les relations intra-familiales peuvent être exacerbées par la promiscuité obligée, le désœuvrement, les disputes (un désormais grand classique : la saturation de la bande passante à partager entre adultes en télétravail et jeunes en télé-devoir). Le SRG devra veiller aussi à ce que des relations de pouvoir indésirables ne se créent pas entre cette jeune et sa famille d’accueil temporaire. La dimension affective de la relation avec le petit-ami peut aussi se modifier durant ce séjour.

  • Une triangulation constante

Il s’agit pour le SRG de réussir un « intéressement », au sens que donnent à ce terme les sociologues de l’innovation. Intéresser, étymologiquement, c’est se mettre entre (inter esse), soit pour jouer un rôle d’intermédiaire, faire lien entre deux entités, soit pour faire rempart. C’est le « triangle de l’intéressement »6 : pour associer quelqu’un à une entité, il faut le dissocier d’autres entités. Michel Callon parle même d’intrication et de désintrication, qui sont des termes plus forts, impliquant un engagement et une énergie considérable.

Mais ici, c’est presque à rebours qu’il faut procéder. L’objectif de la solution « confinement » ne doit pas conduire à une désintrication de la jeune par rapport à sa famille d’origine – ni même par rapport au SRG qu’elle devra réintégrer ensuite, au minimum pour se poser la question de la poursuite de cet hébergement-là, après cette période imprévue de confinement dont il faudra tenir compte, également, dans les termes du programme d’aide de chaque jeune et des réseaux de soutien qu’ils consolident dans l’intérêt du jeune.

Il importe donc d’avoir constamment une vue sur les diverses entités qui « jouent » dans la pièce, en positif ou en négatif, et susceptibles de nécessiter une intrication ou une désintrication. Qu'une désintrication d'avec une entité ne soit pas réalisée, et l'intrication imaginée avec une autre entité perd de sa pertinence, de sa force, de son sens, voire est impossible.

La présence du SRG dans la situation doit donc rester solide, constante, s’incarner dans le quotidien, même si elle n’est pas marquée par une présence physique continue, matérialisée par le bâtiment SRG et son équipe présente 24h24, ce que l’exigence sanitaire rend impossible. D’autres formes de présences, majoritairement physiques et présentielles, sont inventées.

 

Conclusion

A situation d’exception, solution d’exception ? Le réseau de soutien élargi du jeune peut sans doute être mobilisé moyennant a minima les précautions évoquées ici, et sans doute d’autres encore. Nous y travaillerons dans des productions ultérieures.

Pas vraiment hors du réseau d’aide, pas encore dans le réseau de soutien, ces « solutions » inédites imposées par la crise sanitaire témoignent d’une créativité au quotidien ; posent de nouvelles questions, mais sont aussi révélatrices de ce qui se joue dans les systèmes d’aide.

Ajoutons, pour rétablir une filiation, qu’il s’agit d’une solution de type « radeau », comme l’entendait ce grand éducateur qu’était Fernand Deligny, et qui fait écho aux situations tempétueuses et à la place spécifique qu’y joue la triangulation.

« Un radeau, vous savez comment c'est fait : il y a des troncs de bois reliés entre eux de manière assez lâche, si bien que, lorsque s'abattent des montagnes d'eau, l'eau passe à travers les troncs écartés. C'est par là qu'un radeau n'est pas un esquif. Autrement dit, nous ne retenons pas les questions. Notre liberté relative vient de cette structure rudimentaire dont je pense que ceux qui l'ont conçue – je veux parler du radeau – ont fait du mieux qu'ils ont pu, alors qu'ils n'étaient pas en mesure de construire une embarcation. Quand les questions s'abattent, nous ne serrons pas les rangs – nous ne joignons pas les troncs – pour constituer une plate-forme concertée. Bien au contraire. Nous ne maintenons du projet que ce qui du projet nous relie. Vous voyez par là l'importance primordiale des liens et du mode d'attache, et de la distance même que les troncs peuvent prendre entre eux. Il faut que le lien soit suffisamment lâche et qu'il ne lâche pas. »7

 

 

Notes de la troisième partie

1-J. Fastrès, « Typologie du travail en réseau. 1. Les réseaux ayant comme centre de gravité les bénéficiaires et les prises en charges », Intermag.be, août 2009, https://intermag.be/images/stories/pdf/reseau2_beneficiaires.pdf

2-C’est nous qui soulignons.

3-Décret du 18 janvier 2018 portant le Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse, article 2, 15° et 16°.

4-Dans une lecture ressortissant à ces différents paradigmes, on sait combien le terme « famille » peut être différent, élastique, selon la culture d’origine, selon les évolutions de société comme la multiplication des divorces, selon l’époque…

5-F. van Leuven, « Le berceau de l’autonomie », Intermag.be, novembre 2018, https://intermag.be/images/stories/pdf/rta2018m11n1.pdf.

6-M. Callon, « Eléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et les marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc », in L'année sociologique, 1986, n°36, p. 187.

7-F. Deligny, Le croire et le craindre, Paris, Stock, 1978, p. 81-82.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

Introduction

L’outil présenté ici a été adapté d’un canevas d’analyse stratégique participante qui a été élaboré dans le cadre d’une recherche sur les NEET menée par RTA et le RWLP en 20111

Il peut servir, dans le cadre des PEI par exemple, à analyser régulièrement l’évolution de l’action éducative du service en fonction de la trajectoire du jeune – et inversement, de l’évolution de la trajectoire du jeune consécutive à l’engagement institutionnel du service – de manière à ajuster au mieux le travail éducatif.

Il peut être utile en toutes circonstances, mais il est ici présenté dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et des mesures de confinement qui ont été édictées par le gouvernement fédéral, ainsi qu’à celles de déconfinement qu’il va falloir anticiper ; donc dans des moments où la logique de travail habituelle est impossible à mettre en place et qu’il faut y trouver des alternatives.

L’outil n’a d’autre ambition que de permettre un recul réflexif rapide et un ajustement aussi pertinent que possible, dans des situations particulièrement déstabilisées, même au point de vue institutionnel – si ce n’est sociétal, comme celle que le covid 19 a produites.

L’outil présente deux points de vue à faire coïncider.

  • Dans la colonne de gauche, on met l’accent sur les engagements institutionnels du service par rapport à tel jeune, dans la situation qui est la sienne ;
  • dans celle de droite, on s’attache à la trajectoire individuelle du jeune.

En d’autres termes, comment le service va-t-il « lier son sort » à celui du jeune, pour lui apporter l’aide dont il a besoin, hic et nunc ?

Par ailleurs, deux volets de questionnements structurent l’outil.

  • Le volet du négatif à enrayer dans la situation, avec des questions sur les éléments à surveiller, qui constituent des points de danger, des obstacles à contourner, des momentum qui peuvent faire basculer une situation ;
  • Le volet du socle positif à construire en commun par le service et le jeune : quels supports faut-il consolider, quels désirs faut-il soutenir ?

Ces 4 éléments se répondent continuellement, les éléments liés au côté professionnel répondant à ceux qui relèvent de la trajectoire du jeune, et le travail contre les éléments négatifs répondant à celui en faveur des éléments positifs.

 

Analyse stratégique participante de la situation du jeune
en confinement – en déconfinement / Outil pour les PEI

 

Engagements institutionnels du SRG

 Trajectoire individuelle du jeune

  

Volet du négatif à enrayer

Contraintes à contourner

*Identification des contraintes qui pèsent sur le jeune
*Identification du point de bascule

Quelle aide le SRG peut-il apporter ?

Séquences à connecter

 
  

Quelle aide le SRG peut-il apporter ?

  

Volet du socle positif à construire en commun

Supports prioritaires à renforcer chez le jeune

Quels supports le SRG peut-il appuyer ?
Lesquels peut-il construire lui-même ?

Désir / ligne de fuite

Quelle « ligne de fuite » le SRG peut-il appuyer ?

 

Nous présenterons d’abord l’outil avec les définitions qui s’imposent, puis, point par point, les réflexions que cela inspire au SRG l’Aubépine (en bleu dans le texte).

 1. Volet du négatif à enrayer 

 a) Du côté des engagements institutionnels : les contraintes à retourner

Quelles contraintes contourner et particulièrement sur quel « point de bascule » possible porter l’effort pour qu’il ne devienne pas une dynamique négative difficilement réversible ?

  • Identification des contraintes qui pèsent sur le jeune

Il s’agit d’identifier chez le jeune les contraintes physiques, psychologiques, institutionnelles qui pèsent sur lui. Certaines peuvent être antérieures au confinement, mais s’amplifier en cette période (ou au contraire être vécues comme moins lourdes, ou différentes). D’autres peuvent être moins aperçues, moins verbalisées, et liées à la situation de confinement : la peur de la mort, pour soi ou pour les autres ; le travail scolaire à distance qui affaiblit encore plus un élève faible ; le brusque chamboulement des routines qui apaisent. On peut rappeler ici le rôle de ce que Deleuze et Guattari appelaient des « ritournelles », soit des manières variées d'esquisser une stabilité et un calme dans une situation chaotique (tel l'enfant qui « s'accroche » à une chanson pour conjurer la peur que lui occasionne sa marche dans le noir), ou des manières de tracer autour de soi un cercle protecteur (comme la radio ou la télé, « mur de son » protecteur), ou encore le traçage de parcours coutumiers qui permettent de « sortir », de s'ouvrir à autre chose2.

  • Attention au point de bascule

Le point de bascule est le point de tous les dangers ou de tous les espoirs, et tient à peu de choses. C’est le point de passage incontournable pour permettre d'enclencher une dynamique ascendante ou d’éviter une dégringolade. Qu’une occasion soit manquée pour un jeune qui commence à aller mieux et la dynamique ascendante est compromise, interrompue, ou ruinée. Qu’un événement « de trop » survienne dans la trajectoire du jeune, qui touche à une fragilité qui lui est particulière, sans être immédiatement pris en charge par l’équipe, et « on le perd », « il part en vrille ». Il s’agit donc, pour l’équipe éducative, de « sortir les antennes » plus encore qu’en temps normal pour détecter le surgissement de ce point de bascule. Les « antennes » ne sont cependant pas qu’une qualité individuelle, elles doivent être travaillées en équipe. A quoi le SRG doit-il être attentif, pour éviter tout clash et permettre un point de butée sur lequel le jeune peut s'appuyer ?

Les constats du SRG l’Aubépine sur ces points

Point de bascule dans le cadre de la crise Covid : la limite, l’équilibre entre les diverses dimensions de la santé, et la clarté à avoir sur les raisons de protéger la santé, sur les modalités pour la protéger.

  • Pour protéger du virus, la « santé sanitaire » demande confinement en lieu clos, cela ne veut pas dire que ce lieu clos n’a pas besoin de poursuivre son travail pour garantir au jeune de grandir sereinement au niveau de sa « santé d’enfant ».
  • Etre attentif que la famille, même mise dans l’urgence du confinement, n’interprète pas sa possibilité d’aide sanitaire (d’office en tous cas) comme la fin du droit à l’aide protectionnelle pour le jeune (aide ouverte, collaborative, partenariale et en chemin).

Le SRG doit être attentif aux éléments suivants

Le confinement en famille (ou en réseau de soutien du jeune) est une occasion inattendue de permettre au jeune d’être accueilli autre part qu’au SRG, d’expérimenter autre chose. Le souci (déjà observé à l’Aubépine), est la confusion entre les divers dimensions à l’œuvre : protection « santé psychique », protection santé « bien-être du jeune », protection santé « sanitaire du jeune »… Pour nous, les tactiques mobilisées dès le 18 mars étaient prioritairement sanitaires, or ce n’est pas parce qu’il y a un effort sanitaire à faire en urgence que la possibilité de « vivre sans SRG » a, elle, avancé en urgence. D’où la nécessité d’encadrer les sorties du SRG avec mesure.

Par ailleurs le confinement donne à voir des possibilités de poursuite, autrement, de l’aide du SRG :

  • soutien à un réseau familial élargi mobilisé en confinement ;
  • soutien à une famille-amie ;
  • soutien à des familles de petits-amis ;
  • soutien à la famille maternelle.

Dans ces situations-là, la question de nos modalités d’aide doit se poser par rapport au déconfinement, et ce sont les jeunes et leurs milieux d’accueil en confinement qui nous le disent déjà, car le déconfinement pourrait sceller la fin de quelque chose que le confinement a, paradoxalement, construit.


b) Du côté de la trajectoire du jeune, les séquences à connecter

Quelle séquence connecter impérativement aux dynamiques en cours pour éviter à la personne de tomber dans un « trou noir » énergétique ?

  • Identification des séquences propres au jeune (priorisation des besoins et des urgences)

Par exemple, dans le cadre du coronavirus, si des problèmes de santé fragilisent le jeune, c’est la séquence santé qui sera prioritaire. Ce n’est pas une raison pour qu’elle éclipse toutes les autres.

Un exemple à l’Aubépine de la difficulté de connecter les séquences.

Nous observons une situation pour laquelle la solution de confinement construite dans l’urgence du 18 mars, en concertation avec le jeune, sa famille, le service mandant et les équipes thérapeutiques, a été un retour en famille avec une série de dispositions de poursuite des contacts avec le SRG et les équipes thérapeutiques d’une part, des possibilités de « retour au SRG sur le champ si besoin pour le jeune ». Cette solution regroupait particulièrement les différentes dimensions d’aide « en équilibre imprévisible et instable » : santé sanitaire, poursuite du soutien nécessaire en santé mentale également en temps scolaires, santé « bien-être » du jeune, mais était relativement éloignée de ce que nous aurions fait si la crise Covid n’avait pas eu lieu. En effet, ce jeune nécessite – et l’ensemble des adultes qui l’accompagnent partagent cette vision – un centre thérapeutique en journée. La crise covid ayant fermé l’accès à ce centre, il a fallu opter entre des temps de journée en SRG ou en milieu familial ; cette seconde option avec la possibilité d’intervention dès que possible du SRG a été privilégiée, avec la concertation de l’équipe thérapeutique fermant son action de journée. Cette situation a pu induire des confusions et difficultés de compréhensions, pour les équipes et pour le jeune et sa famille, avec également le ressenti d’un « échec de retour en famille » là où il ne s’agissait que de « la fin d’une étape de confinement familial nécessitant un temps de pause au sein du SRG, pour mieux revenir en famille, et ce toujours pour palier le manque de soins thérapeutiques permanents compte tenu du contexte ». Actuellement, cette situation est un confinement au sein du SRG et non plus en milieu familial, avec des contacts familiaux au sein du SRG afin que les échecs éventuels ne soient pas compris par le jeune comme des échecs de retours en famille, mais bien comme des difficultés personnelles, relationnelles familiales ou autres qui doivent, virus ou pas, poursuivre d’être soutenues, aidées et prises en compte.

Nous continuons d’accueillir cette situation au mieux que nous pouvons, sans fermer nos portes malgré le virus qui en ferme beaucoup d’autres, pour garder pour ce jeune le droit d’être accueilli quelque part, simplement mais avec des alternances, avec sa famille, le SRG et les équipes thérapeutiques.

Autre type de situation :
les jeunes qui ont des problèmes de santé mentale et qui ont la « bougeotte » (besoin vital pour eux, mais hors cadre par rapport aux consignes de confinement) : accepter la bougeotte, connecter des séquences « in » et « out » SRG, mais aussi dans l’espace public avec un éducateur, aussi sécures que possible.

Le degré de désaffiliation du jeune importe aussi dans la connexion des séquences : connecter d’abord – c’est ce qu’on cherche toujours – mais sans forcer sous prétexte de Covid. Il est nécessaire de faire un état des lieux des relations de fratrie, de famille, de réseau de soutien possible, et de penser le rôle du SRG dans l’intensité d’énergie à mettre pour que cette connexion se fasse avec le moins de dégât possible pour le jeune.

L’aide que le SRG peut apporter

Le soutien doit être multifactoriel ; santé, école, relations (vidéos, contacts physiques distancés, aider le jeune à voir l’avancée de ses relations, positives ou pas, en contexte de confinement).

Des jeunes ont créé des groupes messenger avec leur famille, ce qu’ils ne faisaient pas avant. Le contexte de confinement leur a donné cette occasion comme à beaucoup d’autres humains qui se sont connectés plus qu’avant avec des groupes sociaux. Le SRG doit pouvoir soutenir à bon escient ces initiatives, et ne pas faire l’économie de les observer, questionner, critiquer avec le jeune.

 2. Volet du socle positif à construire en commun 

a) Du côté des engagements institutionnels : les supports prioritaires à renforcer

Quels supports prioritaires renforcer dans la situation de ce jeune, pour prévenir toute dégradation de sa situation ? Quelle aide permettrait un tel renforcement ?

A l’Aubépine, ces supports prioritaires peuvent renforcer la situation du jeune dès son accueil par un SRG, ils sont à « questionner », « réfléchir », « susciter », « essayer » dès l’accueil du jeune et chaque fois que faire se peut. Plus ils sont activés, activables et disponibles, plus le jeune pourra, par exemple en période de confinement obligatoire, les utiliser comme ressources. Mais ce sont donc ces supports prioritaires qui peuvent aussi, en temps « normal », éviter qu’une situation de placement pour un jeune se dégrade. En effet, un jeune qui a des « possibilités d’externalités » : mouvements de jeunesse, famille, réseau d’amis, famille de parrainage, petits jobs, engagements dans le village, projet musical, etc., est un jeune qui est moins amené à « tourner en rond dans un SRG », ce qui amène parfois (souvent) à rencontrer des difficultés supplémentaires (violences, abus, délits intra-srg, par exemple).

Quels sont les éléments sur lequel le jeune peut s'appuyer et qu'il convient de renforcer ou dont il faut empêcher la perte pour éviter une dégradation de la situation ?

Exemples activés à l’Aubépine, actuellement, pour le confinement mais donc déjà activés avant : famille de sang (avec projet de réintégration en cours), famille élargie (tante, marraine, sœur ), famille-amie (un ami rencontré qui est devenu une personne qui accueille), famille d’un petit ami, tante très éloignée (Flandre, pour poursuivre un hébergement en pédopsychiatrie).

Quelle aide le SRG peut-il apporter ?

Rencontrer les personnes et les idées de soutien, les rencontrer dans le sens physique, se rejoindre un minimum sur l’aide à apporter ensemble au jeune, sur la présence d’un mandat, de parents, de l’avis du jeune, sur les modalités concrètes de contacts, de clartés, d’échanges, de soutien (aussi au niveau logistique : trajets, vivres, soutiens réguliers, échanges d’observations, d’idées), favoriser les nouvelles expériences de rencontres, d’activation de personnes soutenantes pour le jeune.


b) Du côté de la trajectoire du jeune, les désirs et lignes de fuite

Quel désir entendre chez le jeune, quels sont ses talents cachés, ses compétences inattendues, qui peuvent permettre une dynamique ascendante ? quelle ligne de fuite peut-il esquisser ? (il faut entendre « ligne de fuite » au sens pictural : convergence de points qui indiquent une perspective, là où il n’y en avait pas).

Quelle « ligne de fuite » le SRG peut-il appuyer ?

François Tosquelles, un des fondateurs de la psychothérapie institutionnelle, indique combien les relations entre types « d'espaces » vécus sont importantes dans la « recréation » de chacun, à tel point qu'il choisit d'appeler « institution » chacun de ces espaces :

« On fréquente avec régularité, avec plaisir, avec espoir et déception, diverses institutions ; c'est-à-dire on fréquente à la fois l'espace institué d'origine, l'espace familial, et la chaîne d'institutions de son au-delà concret ; celle qui par exemple relie la maison voisine ou la plus lointaine, avec la chaîne institutionnelle que le coiffeur du coin forme avec le bistrot et la gare, le théâtre ou le cinéma. On peut dire que le passage d'un espace à l'autre joue dans le processus de « recréation » singulière permanente en chacun, autant que les échanges attendus, voire facilités dans les espaces institutionnels concrets. »3

Dans les situations de placement, ces espaces variés sont déjà modifiés, balisés en partie par les programmes d’aide. Avec le confinement, des opportunités sont contrariées, d’autres peuvent se créer.

A l’Aubépine, les éléments suivants sont pris en compte.

  • Les idées de « confinement idéal » proposées par les jeunes.
  • Le cap à garder du programme d’aide en cours.
  • Les « nouvelles idées » révélées par le confinement, parce que les cadres d’accueil classiques sont interrompus donc sont disponibles autrement, parce que l’école est suspendue donc qu’il est nécessaire de trouver des idées pour passer les journées, etc.
  • La compensation des initiatives en cours avant le confinement et qui ne sont plus possibles en cours de confinement (personnes âgées qui accueillent d’habitude et qui ne peuvent plus car elles sont des personnes à risques ; ces personnes continuent à prendre des nouvelles de leurs jeunes par téléphone, leurs jeunes qui ont donc dû se rabattre soit sur le SRG confiné, soit sur des personnes pouvant les accueillir sans prendre de risque sanitaire).
  • Observer méthodiquement les périodes de confinement, acter chaque jour les avis des jeunes/ de leur lieux de confinement, les réussites, les difficultés, les échanges… nous le faisons quotidiennement (et particulièrement pour les jeunes qui sont dans des lieux refusés par le mandant), ceci dans l’idée de pouvoir en temps réel soutenir ce qui se passe si besoin, et surtout de pouvoir ensuite en faire des opportunités de soutenir les affiliations créées, consolidées ou précisées par le confinement.

 

Notes de la quatrième partie

1-La recherche a été publiée dans la collection Academia de l'Harmattan : Politiques sociales et violence symbolique - La situation des « NEET »
ISBN : 978-2-8061-0348-2 - EAN13 : 9782806103482
www.editions-academia.be/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=54285.

2-G. Deleuze et F. Guattari, « De la ritournelle », in Mille plateaux, Paris, Minuit, 1980, p. 383.

3-F. Tosquelles, « Revenons sur la notion d'institution », in Pratique de l'institutionnel et politique, Paris, Matrice, 1985, p. 133.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les questions que pose l’épisode Covid 19 sur la pratique éducative en temps de crise : comment tenir l’équilibre ?

Si nous avons insisté sur la dimension de l’engagement institutionnel dans le chapitre précédent, on ne peut ignorer que les modalités de cet engagement se sont trouvées singulièrement bouleversées dans les SRG avec la crise du coronavirus.

François Debatty compare cette situation à un numéro d’équilibriste.

« L’équilibre, c’est l’art d’un SRG : l’équilibre pour chaque jeune avec sa famille et ses projets, mais aussi l’équilibre du groupe de jeunes, celui de l’équipe, des autres équipes et celui d’avec le monde « à l’extérieur du SRG ». Et puis, l’équilibre, c’est aussi l’art de la vie !

J’ai passé beaucoup de temps et suis passionné de cirque et de musique, alors ces images-là me parlent aussi lorsque je pense à « l’équilibre ».

Je trouve que il y a dans la pratique éducative quelque chose qui ressemble à l'équilibre du jongleur ou du musicien. En « langage jongleur » , jongler à 2, 3, 4, 5, 6, 7 balles ou massues ce n'est pas rien. Passer d'un nombre d'éléments « à l'équilibre au-dessus de sa tête » à ce même nombre d’éléments +1, ce n'est pas rien. Et, à chaque « +1 », c’est un peu plus difficile de franchir un « autre niveau » et de tenir l’équilibre… En musique, lorsqu’il faut ajouter dans une suite rapide de notes quelques notes supplémentaires, ou lorsqu’il est question d’intégrer un nouvel instrument dans un ensemble qui « sonne ensemble pour le moment », ce n’est pas toujours en tentant du premier coup que la musique va chanter ! Il faudra du temps, des essais et d’autres, et peut-être que ça ne chantera pas !

Tout ça pour dire que l'art du SRG de « tenir les équilibres » se voit d'un coup « augmenté d’un niveau de difficulté pour tenir l'équilibre ».

...comme si on ajoutait au jongleur une massue, d'un coup, et qu'il fallait que l’ensemble des quilles n’ait pas d’autre choix que de tenir dans les airs, au-dessus de sa tête, sans chuter ; comme si une nouvelle note au milieu d’une chanson ne modifiait pas la façon dont elle sonne, l’histoire qu’elle raconte…

Alors, si en plus de ce nouvel équilibre à trouver, à tenir et à « prouver » (via notre plan de continuité, à fournir en  même temps qu'on apprend à le tenir, ce nouvel équilibre), des massues déjà en équilibre quittent la ronde ou changent de forme (l'école qui envoie des devoirs et des devoirs, des connexions par mail… le SAJ qui refuse un confinement, …le jeune qui fugue suite à un souci personnel inaffrontable…), hé bien le nouvel équilibre est encore un peu plus complexe à trouver, mais se trouve. »

 carnet2

Trois questions pour mieux tenir l’équilibre à l’avenir

Après avoir éprouvé la structure croisée (présenté dans la partie n°2) comme un outil de gestion au quotidien, et dans la continuité de ce travail, François Debatty a tenté de se projeter dans une éventuelle seconde crise Covid, en se posant les trois questions suivantes :

Afin de nous préparer, dans un avenir proche ou lointain, à réorganiser un « confinement » :

  1. De façon théorique, quelle est la situation de lieu de confinement que nous souhaiterions pouvoir proposer à chaque jeune ?
    Dans quelle partie de la structure croisée ?
  2. Quels sont les moyens de favoriser, pour chaque jeune, une telle situation de lieu de confinement ?
    • En prévention à la crise
    • Pendant la crise
    • Après la crise, quelles sont les observations de ce type de situation ?
  3. Dans une logique d’outils réflexifs et pratiques à extraire de cette crise imprévue du Covid, posons-nous ces deux questions en remplaçant les mots « lieu de confinement » par « lieu d’hébergement hors du milieu familial = SRG » ?

 

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1. Dans le cas d’une pandémie du type Coronavirus, comme l’ont préconisé les instances sanitaires, nous souhaitons permettre à chaque jeune de se retrouver dans un lieu mieux confinable qu’un SRG d’une part, qui corresponde à l’avis, aux besoins pédagogiques et thérapeutiques et à l’intérêt du jeune, de sa famille et des adultes qui les accompagnent, d’autre part.

C’est dont la zone « 1 » de la structure croisée pour laquelle nous optons si nous pouvons en faire le choix théorique (soit un lieu hors SRG, plus sécure que celui-ci sur l’axe sanitaire, avec des participations possibles des proches et des soutiens mobilisables sur l’axe pédagogique).

 

2. Quels sont, dès lors, les moyens de favoriser, pour chaque jeune, un lieu de confinement en ZONE 1 ?

• En prévention à la crise

Axe sanitaire

  • Soutenir les familles dans leurs compétences d’accueil en alternance, chaque fois que possible dans l’intérêt du jeune.
  • Soutenir les lieux d’accueil externes au SRG, chaque fois que possible : familles-amies, parrainages, petits copains, réseaux de soutiens du jeune et de l’institution.
  • Organiser l’espace institutionnel de façon « modulable », « cloisonnable » pour pouvoir le diviser en parties « confinées » si besoin. Y compris pour des confinements courts, provisoires, en attendant de repartir ensuite vers le confinement extérieur.
  • Se doter des matériels et outils de prévention en suffisance (gants, masques, gels, savons, etc.) pour soutenir un climat le plus serein possible en temps de peur.
  • Pour les jeunes dont les possibilités de lieux externes au SRG sont réduites voire inexistantes, multiplier les idées et propositions d’affiliations pouvant conduire à de nouvelles possibilités.
  • Pour les jeunes dont l’équilibre passe par le déménagement entre divers lieux de résidence : soutenir le dialogue, la circulation des infos, la collaboration et la confiance réciproque entre les adultes garants de ces divers lieux.

Axe participation

  • Prendre le temps d’entendre l’avis du jeune par rapport à ses bonnes idées pour vivre une période de confinement.
  • Echanger, collaborer, se rencontrer, se connaître au mieux avec les familles, les familiers, le réseau de soutien du jeune.
  • Veiller à l’inclusion du réseau de soutien du jeune dans les termes de son programme d’aide, pour permettre à ce réseau d’être un lieu d’accueil fluide pour le jeune, même en cas de besoin soudain et inattendu, avec la participation du jeune, de la famille, des équipes.

 

• Pendant la crise

Axe sanitaire

  • Acheminement d’alimentation, de vivres (papier wc, habits, etc.).
  • Acheminement d’activités, de projets, de liens avec des projets possibles au départ du lieu de confinement.
  • Soutien aux stratégies de prévention sanitaire (compréhension du phénomène de confinement, procédures d’hygiène, mise à disposition de masques, etc.)
  • Mise à disposition de lieux – mobiles, externes ou au sein du SRG cloisonné – qui permettent de quitter temporairement le lieu de confinement « Hors SRG » en limitant les risques de menacer ce confinement externe et/ou celui du SRG (principe de précaution).
  • Permettre des « déménagements », des « changements de lieux, de personnes, de zone », particulièrement pour les jeunes souffrant de troubles psychiques et ayant une réelle difficulté à rester cloisonnés, figés… (contacts avec les thérapeutes, visioconférence, journées hors du confinement, etc.).

Axe participation

  • Prendre le temps d’entendre l’avis du jeune par rapport à ses observations en temps de confinement.
  • Court-circuiter les effets enfermants du confinement en échangeant, collaborant se rencontrant, s’ajustant au mieux avec les familles, les familiers, le réseau de soutien du jeune, ceci aux alentours du lieu de confinement (espace public ou contacts téléphoniques/ numériques).
  • Consacrer du temps avec le jeune, son milieu de confinement, chaque fois que nécessaire pour le jeune.
  • Poursuivre le lien avec l’équipe par la continuité de petites actions, paroles et échanges (SMS de soutien, acheminement d’une boisson, d’une petite intention pour un anniversaire ou une fête traditionnelle, etc.).
  • Au fil des besoins du jeune et de sa famille, proposer des « sorties de confinement » ne mettant pas à mal ce confinement (balade avec un éducateur dans l’espace public, nuitées au SRG hors SRG confiné avec un éducateur « à part »…).

 

• Après la crise, quels sont les enseignements de ce type-là de situation ?

Axe sanitaire

  • Propagation du virus au sein du groupe de jeunes et de l’équipe, limité, mais cela est difficilement observable réellement compte tenu du non-dépistage effectué.

Axe participation

  • Le temps hors SRG a permis diverses observations venant des jeunes eux-mêmes :
    • « Je me sens bien ici, c’est chouette d’avoir quelqu’un tout le temps rien que pour moi »
    • « C’est bien, mais le foyer me manque. C’est fou, il faut ne pas y être pour avoir envie d’y retourner. Mais je veux quand même rester ici »
    • « Et après ? moi je ne veux pas revenir, et maman se demande aussi… Est-ce qu’on peut continuer comme cela puisque le confinement continue ? Et après aussi ? » 
    • « Serait-ce possible de nous amener des jeux ? un jeu de dames, un monopoly ? »
    • « L’école me manque un peu, mais pas trop… »
    • « Y’a qui au foyer ? »
    • Etc...

Nous avons observé, pendant ce confinement, des activations et mobilisations réelles :

* des jeunes ;
* des familles ;
* des réseaux de soutien des jeunes ;
* de l’équipe du SRG.

Comme si cette logique de confinement, particulièrement dans les cas où le milieu de confinement se situait en ZONE 1 (et toujours en alternance, avec des modalités diverses, avec la ZONE 2), décuplait les idées, l’énergie, l’expression et la motivation des jeunes qui la vivaient.

Bien évidemment, nous avons aussi observé et poursuivons d’observer des difficultés, en ce compris tout ce qui est lié aux nouvelles pratiques « auto-proclamées » par cette crise : numérique, vidéo-conférence, travail scolaire par plateformes, etc. Mais le propos de ce carnet est bien de nous concentrer, ici, sur les opportunités, enseignements et bonnes idées que ces moments complexes permettent d’éclairer.

 

3. Posons-nous ces questions, à présent, dans une logique de « rendre un lieu d’accueil SRG le plus soutenant possible pour un jeune, sur le plan de sa participation d’une part, de sa santé (non pas strictement sanitaire, mais « mentale, bien-être, droit du jeune ») d’enfant d’autre part ?

Peut-être pourrions-nous, en observant les confinements sanitaires chaque fois que possible en ZONE 1 comme « moins mauvais », en extraire qu’un hébergement sous mandat organisé en ZONE 1 pourrait, lui aussi, être moins mauvais.

Si l’on accepte l’idée qu’un mandat de placement pour un jeune est aussi « un temps de confinement » (absolument pas dans le sens sanitaire du terme, mais dans le sens où pendant un temps donné, on soutient le droit du jeune à ce que ses interactions sociales soient cadrées, encadrées, limitées, mises en question pour ne pas lui poser de difficultés supplémentaires), alors on peut considérer que l’hébergement, c’est aussi un temps « temporaire de modification des interactions sociales familiales » visant ensuite un retour « à la normale », un retour à des interactions familiales équilibrées pour le jeune.

Dans ce sens, nous pourrions faire le pari qu’un hébergement, en d’autre mot un confinement extra-familial, a d’autant plus de possibilités d’être soutenant et efficient pour le jeune et sa famille s’il se situe en ZONE 1 , c’est-à-dire s’il se base sur des participations possibles du jeune, sa famille, des équipes… et s’il permet réellement que la santé « d’enfant » du jeune soit protégée, au mieux possible (l’enfant continue à rêver, à échanger avec ses parents, à être en projet, à être affilié à l’école, a des envies, des idées…).

Et donc, pour reprendre la question 2 et prendre le pli de tirer des observations de cette période de crise : qu’est-ce qui pourrait aider un SRG à accueillir le jeune sous mandant en ZONE 1, hors période de covid, chaque fois que possible ?

C’est ici qu’il peut être intéressant de simplement relire les réponses à la question 2, qui peuvent répondre aussi à cette question de pratiques préventives pour les SRG afin d’être des lieux d’accueil les plus adéquats possible, permettant les nouvelles idées et intentions pour les jeunes (en ce compris face à un confinement sanitaire à mener !).