Quatre ans après les inondations de 2021
 Crédit photo Sabrina Delgleize, https://memoart.be/sabrina-delgleize/
« Marquer » un passé, c’est faire une place aux morts, mais aussi redistribuer l’espace des possibles, déterminer négativement ce qui est à faire et par conséquent utiliser la narrativité qui enterre les morts comme moyen de fixer une place aux vivants.
Michel de Certeau, L’écriture de l’histoire
En juillet 2025, on commémorait le quatrième anniversaire des dramatiques inondations qui avaient touché si durement la Wallonie. Le 11 juillet, le RWLP réunissait à Verviers un groupe de personnes originaires des localités les plus frappées dans la province de Liège. Cette initiative voulait se distancier d’une simple commémoration, en donnant la parole aux premiers intéressés. RTA était sollicité pour réaliser une captation de cet événement, dont le montage serait présenté le 17 octobre, journée mondiale de lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, RTA a aussi réalisé deux analyses autour de cet événement.
De la mémoire morte de l’eau à des mobilisations citoyennes vivantes
Par Jacqueline Fastrès
Cette analyse se propose d’aborder la mémoire de cet événement traumatique ; passé le temps des reportages télévisés quotidiens de 2021 et des mobilisations importantes, que reste-t-il, en dehors des dates anniversaires, de ce que les gens ont vécu hors champ spectaculaire ? Comment passer du tragique fait divers à une question publique, c’est-à-dire à ce qui fait passer des épreuves individuelles au statut de questions générales ou généralisables dont devrait se saisir politiques et pouvoirs publics ? Dans une première partie, cette analyse explore la question de la mémoire, de sa nécessité et de ses limites, d’un point de vue historien. Dans un second temps, au départ de la journée organisée par le RWLP le 11 juillet, elle examine cette tentative de passage de la simple commémoration à des procédures de démocratie dialogique, en engrangeant les recommandations des premiers experts malgré eux de la catastrophe.
Rien qu’une fois faire des vagues et se faire entendre
Par Anne-Sophie Fontaine
Si la première analyse se penchait sur le processus de mobilisation des mémoires et des personnes, cette seconde production consiste en une analyse des récits des participants à cette rencontre : sinistrés, riverains, personnes ayant porté secours des semaines durant, représentants politiques, culturels, associatifs des localités les plus touchées. Il s’agissait de prendre en compte les vécus encore traumatiques des victimes, ainsi que d’entendre leurs analyses : de leurs points de vue propres mais aussi de leurs revendications. En d’autres termes, elle propose un regard analytique sur les mécanismes d’injustice si ce n’est de domination qui se sont abattus sur les sinistrés, notamment via des logiques d'hyperprofits (qui guident assurances et promotion immobilière, parfois avec un cynisme total). Elle s’interroge aussi sur la tendance à l'individualisation des inégalités sociales. Mais elle aborde aussi le processus de subjectivation en guise de résistance.
17 octobre 2025
Lors du 17 octobre, cette question sera notamment abordée au Centre Culturel Namur (Abattoirs) / et sur l’esplanade (Camion Arsenic) - Traverse des Muses, 18: de 9h30 à 12h + 15h à 19h Deux expositions qui se répondent, avec visites commentées :
-
Just – Un futur durable commence par un monde juste : A travers des témoignages audio, l’exposition JUST de SOLSOC met en lumière des communautés, des syndicats, des associations en Afrique et en Amérique latine, actifs dans les secteurs miniers/énergétiques, alimentaires, qui résistent et mettent en oeuvre des initiatives innovantes dans les domaines de l’accès à la santé, à une alimentation saine, à la défense des droits des travailleur·euse·s et à la protection sociale.
-
La reconstruction juste après les inondations, un défi : A travers une exposition, une prise de parole de personnes victimes des inondations 4 ans après sous forme de film, le film « Après la pluie », nous questionnerons la prise en compte de toutes les populations et de toutes les dimensions d’une reconstruction.
|