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Cette analyse est la conclusion du nouveau Guide sur la méthodologie du travail de rue à travers le monde (octobre 2008) produit par le réseau international du travail de rue. Elle rappelle les enjeux de ces pratiques éducatives spécifiques,  en reliant les aspects pratiques aux orientations qui leur donnent sens, tant à un niveau politique qu'à un niveau sociétal. Loin des clichés sur le métier qui dominent encore trop souvent dans les représentations.

Travailler en réseau, dans le travail social, est une des manières de se renforcer, de démultiplier localement les forces des uns et des autres. Nous en avons décrit de multiples déclinaisons dans des analyses antérieures. Celle-ci se propose d’explorer, au-delà de ce qui semble faire évidence, les conditions de fonctionnement, mais aussi les risques rarement perçus.

La charte associative est un texte qui a été adopté en première lecture le 30 mai par les gouvernements de la Région wallonne, de la Communauté française et par la Cocof. La finalité annoncée d’emblée est  de faire pièce à la montée de l’individualisme et à la « marchandisation totale des activités humaines »  par une alliance entre les pouvoirs publics et les associations qui sont porteuses d’un engagement citoyen et solidaire. Alors que l’échéance suivante est fixée au mois d’octobre pour la remise d’un avis par les associations consultées, nous nous sommes interrogés sur les conditions qui permettraient cet apport positif.

Dans une contribution précédente, nous  avons tenté une analyse préventive des  effets  possibles de  l’introduction d’une  nouvelle norme pédagogique dans l’aide à la jeunesse : l’obligation pour les services mandatés d’élaborer un projet éducatif individualisé pour chaque jeune qui leur est confié. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’administration de l’aide à la jeunesse a opéré  des choix très clairs en ce qui concerne le  P.E.I.; rien, dans les attentes de l’administration à cet égard, ne favorise ni n’impose  le recours à une logique de fond d’inspiration opérationnaliste. Une lettre précisant les dites attentes a été en effet adressée à tous les services et on peut se réjouir de cet  effort d’explicitation et de transparence. Il importe cependant de voir que le P.E.I. n’est qu’un exemple parmi d’autres, dans  de nombreux secteurs, de créature traversée par des enjeux fondamentaux pour la  pensée critique. Pour bien percevoir ces enjeux, il convient évidemment de discerner les logiques de fond qui les portent, parfois involontairement d’ailleurs.

Dans ce texte, qui a été utilisé lors d’un colloque sur l’évaluation à Strasbourg, Jean Blairon propose un véritable condensé des principaux outils utiles en matière d’évaluation.

Depuis le milieu des années 90, la notion de participation sociale est de plus en plus fréquemment invoquée dans différentes politiques sociales nationales ou européennes. Quels usages sociaux induit-elle?

Solidarcité c'est un projet pilote hybride, différent, lancé en 2001 par l'AMO SOS Jeunes à Bruxelles. Ce projet est à l'intersection de plusieurs secteurs, insertion socio-professionnelle, aide à la jeunesse, organisations de jeunesse, santé mentale, mais aussi à l'intersection de multiples besoins des jeunes qu'il accueille.

Un des rôles essentiels d'une association innovante consiste à faire accéder à l'agenda politique la problématique pour laquelle elle se mobilise. Pour fonder la légitimité de ses interpellations, l'association peut regrouper un certain nombre de protagonistes. Mais la construction du réseau va soulever un certain nombre de points délicats: l'entretien de ce réseau, les alliances délicates ou encore le brouillage des rôles de chacun.

L'exercice effectif du droit fondamental au logement ne va pas de soi. Les agences immobilières sociales se sont mobilisées, au nom de la critique sociale, pour que ce droit soit accessible à tous. A un moment important de leur évolution, elles ont souhaité faire un point critique sur leurs pratiques et leurs orientations communes.

Cette analyse revient sur l'utilisation de la notion de réseau par les professionnels de l'action sociale. Elle vise à identifier trois formes de réseau généralement envisagées par ces professionnels. Pour chacune de ces formes, l'analyse revient sur les effets constatés en regard de la question de la solidarité collective.

Lorsque j'ai eu l'occasion de prendre connaissance des travaux consacrés par Jean-Pierre Le Goff à la modernisation (sauvage) des entreprises et à l'importation (qualifiée de barbare) de ses méthodes dans le champ de l'enseignement, je n'ai pu que me dire « enfin, quelqu'un qui l'a vu, et qui a vu juste! ».

Nous avons vu que les associations pouvaient être considérées désormais comme des cibles, des objets de stratégie, voire des terrains d’exercice ou des territoires à conquérir par la culture managériale, elle-même porteuse d’une vision très située du développement et du gouvernement de la société.

Le bilan critique qui est dressé de cette imposition culturelle implique toutefois que nous fassions porter (que nous « retournions ») sur nous-mêmes le recul réflexif qui nous conduit à l’interroger , puisqu’on peut considérer qu’un certain nombre des composantes de cette nouvelle forme de pouvoir ont été produites par les luttes sociales et culturelles mêmes que les associations ont pu mener.

Jean-Pierre Le Goff désigne cette réalité comme les effets d’une part de l’héritage de mai 68, part qu’il considère comme impossible à assumer.

Depuis quelques années, on constate une transformation de la vision de la personne aidée, notamment à travers l'émergence de la figure de l'usager-client. Cette transformation ne se limite pas à un changement de terminologie. Elle contribue à redéfinir le statut de la personne mais également la nature de la relation d'aide. Cette vision de la personne aidée comme usager-client nous apparaît contestable parce qu'elle porte en elle une remise en cause du travail social, l'abandon de toute ambition pédagogique, la marchandisation des interventions sociales, la solvabilité des personnes, etc.

Les travaux récents de Jean-Pierre Le Goff consacrés au succès ambigu de la thématique du harcèlement moral, aux conflits sociaux de grande ampleur qu’a connus la France (notamment en 2003), au rejet français du Traité relatif à la constitution européenne, au bilan de la gauche française, à l’analyse du pouvoir dans les démocraties ou à l’héritage laissé par le mouvement de mai 68 permettent de tenter de systématiser une série de questions relatives aux actions et acteurs du contre-pouvoir dans les sociétés européennes.

Nous pensons que nous nous trouvons dans une autre phase de l'analyse institutionnelle que celle qui a occupé le devant de la scène dans les années soixante. A cette époque, le pouvoir était identifié à l'ordre et l'analyse institutionnelle consistait le plus souvent à faire entendre les voix discordantes qui tentaient, tant bien que mal, de s’exprimer à l’intérieur de l’institution qui entrait en analyse.

Aujourd'hui, le pouvoir s'exerce majoritairement par le mouvement, c'est-à-dire par l'obligation de changement; il est par ailleurs devenu plus intensif (il pénètre loin dans la sphère du sens et des valeurs) et extensif (il concerne tous les domaines de l'existence). Chaque citoyen, par exemple, est de plus en plus invité à se considérer comme un capital à développer, tant mentalement que physiquement et ce dans un mouvement illimité. Pour les citoyens les plus fragiles, le respect de cette obligation conditionne même l'accès à de nombreux droits (exigence de « relooking » à l'égard des allocataires sociaux, exigences d'« activation », etc.). Chacun (et dès le plus jeune âge) doit se comporter comme un « petit entrepreneur de son existence » (selon la formule de Pierre Bourdieu).

Nous observons depuis quelques dizaines d’années la conjonction de deux tendances: un changement de conception du rôle de l’Etat, invité à s’alléger de toutes sortes de manières (et donc à se désengager d’une série de terrains, missions, si ce n’est de secteurs); la tendance à la professionnalisation des institutions composant l’acteur associatif.

Tentative de synthèse des travaux que nous avons menés ces deux dernières années, en partant d'une question «simple» : y a-t-il un conflit central dans nos sociétés, analogue au conflit qui a opposé patronat et mouvements ouvriers dans la société industrielle ?

Impacts légitimes et illégitimes
L’intérêt d’une éventuelle « convention de caractère solennel entre deux parties », soit en l’occurrence l’Etat et le secteur associatif dans son ensemble, qui viendrait s’ajouter aux dispositifs existants, comme les agréments, les contrats pluri-annuels, etc. doit évidemment se mesurer aux impacts souhaités.

Après plus de cinquante ans de développement de l’analyse institutionnelle, d’interventions menées dans son sillage, de publications nombreuses, il ne nous semble pas encore exister de cette approche et de son objet de définitions largement acceptées, si ce n’est suffisamment stabilisées.

Cette caractéristique étonnante n’est pas, nous semble-t-il, à attribuer à une négligence ou une insuffisance des protagonistes de ce « courant ». Elle est à chercher dans ce que nous allons présenter comme l’inversion d’une problématique qu’a rendue possible l’apparition d’une société dite de l’information (ou « immatérielle »), née dans le sillage (et le renversement de sens) des mouvements culturels apparus à la fin des années soixante.