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L’exclusion scolaire est-elle, comme on le dit souvent, un échec de la pédagogie ou le produit d’un système qui dépasse largement le niveau pédagogique ?

La question scolaire semble traversée par une « guerre des clans », où les positions des uns et des autres peuvent être référées à une prise de position dans un rapport de force, et où les représentations croisées négatives aboutissent à des malentendus permanents : c’est toujours « la faute de l’autre ». Pour tenter de trouver une version de référence qui peut être acceptée par une large majorité, Jean Blairon propose d’entrer dans la question par la porte des droits culturels. C’est sous ce vocable qu’Alain Touraine désigne les droits de chacun à être au moins un peu sujet de son existence. L’école tient une place dans la construction de ces droits. Ces droits culturels doivent être traduits en droits politiques, et ils ne peuvent l’être que si les acteurs éducatifs prennent leur défense ensemble, en sortant du malentendu. Mais les composantes des droits culturels sont nombreuses et provoquent une explosion des attentes à l’égard des écoles, et des missions qui leur sont conférées. Pour sortir de la confusion qui entretient le malentendu, il appartient aux  agents de plusieurs secteurs (enseignement, aide à la jeunesse, secteur jeunesse par exemple) de se demander quel est l'adversaire réel des orientations qu'ils entendent défendre (et qu'ils ont tendance à définir erronément comme l'agent du champ voisin). Cet adversaire est l’introduction d’une culture néo-managériale dans le champ éducatif. Des perspectives de travail existent cependant, qui passent par une indispensable transversalité : mieux penser l’exercice du pouvoir dans l’institution scolaire; restaurer un capital symbolique positif et reconstruire les véritables termes d’un combat pour la subjectivation ; mieux se former à la culture populaire et à celle des groupes stigmatisés ; étudier les alternatives au cursus scolaire classique, actuellement un peu méprisées.

Texte paru dans le JDJ (Journal du Droit des Jeunes) n°297, septembre 2010.