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Dans son numéro 2169 du 17 juin 2006 le Nouvel Observateur évoquant le double meurtre, le 11 mai, à Anvers, d’une jeune Malienne et de l’enfant qu’elle gardait constate que la marche organisée pour protester contre ce crime raciste « a attiré deux fois moins de monde que prévu ». A moins de supposer qu’eux-mêmes n’y aient pas cru suffisamment, la nature des faits et le lieu où ils ont été commis – l’extrême droite y recueille plus de 30% des suffrages – ne pouvaient, en effet, que laisser penser aux organisateurs et aux observateurs que la manifestation de ce 26 mai rassemblerait une foule imposante.

Le fait qu’on puisse considérer que ce ne fut pas le cas – pas plus que ce ne fut celui de la marche silencieuse organisée le 12 mai pour que la population anversoise manifeste son indignation à l’encontre de plusieurs crimes racistes récents qui avait réuni seulement 300 personnes dont plus d’étrangers que de Belges – invite, sans doute, à revenir sur l’analyse réalisée à chaud, des événements.

La nécessité d’une telle démarche semble en effet, d’autant plus évidente, que, le 23 avril, la marche d’hommage à Joe Van Holsbeeck, un adolescent de 17 ans tué le 12 avril pour lui voler son baladeur MP3, avait, elle, rassemblé quelque 80.000 personnes. La comparaison des deux moments ne peut se limiter à constater l’écart des populations mobilisées ; elle implique d’en rendre raison.

A cet effet, il y a lieu de procéder à une description fine des événements eux-mêmes et à prendre en considération un ensemble de caractéristiques. Celles-ci font système et c’est lui qui éclaire la signification du poids différentiel des mobilisations. Revenons donc sur cet écart qu’on a pu, dans un premier temps, considérer comme la conséquence d’une différence d’impact émotionnel de ces deux événements.